Ceux que l'on appelait les "esclaves de Satan" étaient transformés en loups qui se jetaient voracement sur le bétail des fermes environnantes, se livrant à une orgie de violence qui durait douze jours. Les victimes retrouvaient ensuite leur apparence humaine et roulaient sur le sol, comme victimes d'un mal soudain. Elles demeurait "prostrées, raides comme de cadavres, privées de toutes sensations". Ce qui se passait ensuite n'est malheureusement pas conté. L'Irlande possède également un riche folklore relatif aux loups-garous, peut-être parce que les loups y ont abondé très longtemps, alors qu'ils avaient été complètement éradiqués en Angleterre. À une époque, l'île d'Émeraude fut même appelée "terre des loup" et l'on créa, par croisement de races, le formidable lévrier d'Irlande - sorte de chien-loup "aux os énormes et aux pattes plus rapides qu'une arme à feu", selon l'expression d'un écrivain du XVIe siècle - pour combattre son cousin sauvage, Saint Patrick, roi du pays de Galle, se changeat en loup. Il est impossible de distinguer la fantaisie du réel dans de tels récits. Mais les divers récits romancés faisant intervenir des loups-garous ont longtemps fleuri dans l'Ancien Monde, frappant l'imagination d'un vaste public largement disposé à croire aux transformations. Gervase de Tilbury, humaniste anglais qui écrivit entre 1210 et 1214, nota que, "en Angleterre, il est fréquent de voir des hommes se changer en loups lorsque la Lune entame un nouveau cycle." Otia Imperialia, dû à Gervase, est un recueil de légendes et de superstitions médiévales. On y retrouve notamment l'histoire de Raimbaud d'Auvergne, ancien soldat devenu hors la loi. S'étant exilé dans les forêts, Raimbaud se transforma en loup-garou, s'attaquant régulièrement aux enfants comme aux adultes. Ses actes atroces se multiplièrent, jusqu'au jour où il s'en prit à un charpentier qui parvint à lui sectionner une patte de derrière. Raimbaud retrouva instantanément sa forme humaine. L'histoire veut qu'il ait remercié sa victime potentielle parce qu'elle l'avait définitivement débarrassé "de cette malédiction et de cette damnation". Et Gervase enrichit le folklore des loups-garous en ajoutant : "Les médecins les plus éclairés et les plus sérieux affirment qu'un loup-garou retrouve à coup sûr son corps initial lorsque l'on section l'un de ses membres.