Creatures of Darkness
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 LES LICORNES

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MessageSujet: LES LICORNES   LES LICORNES EmptyVen 16 Juin - 12:40

LES LICORNES I17wc

La légende de la licorne

La licorne du bestiaire médiéval s'assoupit dans le giron d'une vierge traîtresse, avant d'avoir le flanc transpercé par la lance d'un chasseur. Plus tard, la même licorne trempe la pointe de sa corne dans les eaux infestées par les vermines et les serpents. Et l'on s'étonne que la blanche bête ait pu signifier à la fois le Christ et le Démon, la pureté et la luxure.

Les faux débuts

Comme les érudits de la Renaissance, les auteurs modernes qui ont été séduits par cette belle cavale blanche, à la longue corne torsadée comme un cordage de marine, ont généralement attaché une grande importanceà de rares textes antiques. Dans quelques lignes de Ctésias de Cnide, d'Aristote, de Pline l'Ancien, d'Élien de Préneste, ou dans de rares passages des Psaumes, de Job ou d'Isaïe, ils ont voulu trouver l'origine dela croyance en l'existence de «la licorne». Cette démarche découlait du truisme selon lequel tout mythe ou légende doit pouvoir se ramener à une source première qui en donnerait une version archétypale, voire la seule version authentique. Poursuivant leur quête, les savants ont alors décelé derrière ces textes anciens des animaux réels, onagres, antilopes ou rhinocéros. Le débat sur la licorne se ramènerait ainsi à un choix trivial entre une gazelle de profil et un rhinocéros dans la brume.

Notre démarche est différente puisque, si nous citerons souvent ces textes classiques, ce sera non pour les étudier en tant que tels, mais pour découvrir la manière dont ils furent exploités, cités et glosés par des auteurs plus tardifs. En choisissant de commencer cette étude en plein Moyen-Âge, et non aux temps de Pline ou d'Aristote, nous ne raccourcissons pas arbitrairement le champ d'étude. En effet, la licorne de l'imaginaire occidental, la blanche haquenée à la corne en spirale, est une création du Moyen-Âge finissant, même si elle emprunte beaucoup au Physiologus hellénistique, et un peu à l'Histoire naturelle de Pline. Sa longue absence de toute l'imagerie grecque et romaine, qui connaissait le Pégase et le rhinocéros, suffit à montrer que les quelques lignes que Ctésias, Aristote, Pline ou Élien avaient consacrées à des animaux unicornes n'avaient guère marqué leurs contemporains.

Croyant donc «redécouvrir» la licorne dans les textes classiques, les auteurs du Moyen-Âge et de la Renaissance l'ont en fait inventée. Au huitième livre de l'Histoire naturelle, Pline l'Ancien avait écrit que «la bête la plus sauvage de l'Inde est le monocéros; il a lecorps du cheval, la tête du cerf, les pieds de l'éléphant, la ***** du sanglier; un mugissement grave, une seule corne noire haute de deux coudées qui se dresse aumilieu du front. On dit qu'on ne le prend pas vivant<1>.».Aussi succinct, Aristote avait précisé que «La plupart des animaux à corne ont les pieds fourchus, mais il yen a un, dit-on, qui est solipède<2>,celui qu'on appelle âne de l'Inde. La plupart de ces animaux...ont reçu de la nature deux cornes. Mais certains n'ont qu'une seule corne, par exemple l'oryx et l'âne appelé indien. Cependant l'oryx a le pied fourchu tandis que cet âne est solipède. Les animaux à corne unique la portent au milieu de la tête<3>.» Ces quelques lignes de grec ou de latin classique, disséminées dans une abondante littérature animalière, n'ont suscité l'intérêt, et provoqué des commentaires, qu'à partir d'Isidore deSéville (vers 560-636), d'Albert le Grand (1193-1280) et de son contemporain l'encyclopédiste Vincent de Beauvais, qui les ont exploitées pour préciser ou enrichir le bestiaire hérité du Physiologus alexandrin. Aussi les marques d'intérêt pour ces brefs passages restèrent-elles modestes et rares jusqu'au bas Moyen-Âge. Au treizième siècle, grâce aux bestiaires, la licorne envahit l'iconographie occidentale, mais ce ne fut qu'au seizième que des ouvrages entiers purent lui être consacrés.

Merveilles médiévales

La licorne qui nous intéresse, la blanche bête aux sabots fendus qui figure sur tant de tapisseries, n'était guère connue avant la Renaissance. Les lettrés du Moyen-Âge savaient qu'il existait, quelque part en Orient, un quadrupède unicorne, mais pour eux ce n'était que l'une des nombreuses créatures qu'ils n'avaient jamais eu l'occasion d'observer, au même titre que l'éléphant ou le lion. Cette licorne avait certes une valeur symbolique, mais dans un monde où tous les animaux, sans compter les plantes et les pierres, figuraient le Christ ou le démon, parfois le Christ et le démon. Pour autant, il nous était impossible de la décrire sans la raconter, de faire son histoire naturelle sans connaître un peu son histoire. Cela nous oblige à un détour initial par les bestiaires du Moyen-Âge, textes déjà très étudiés et sur lesquels nous n'avons pas la prétention d'apporter grand chose de nouveau<4>.
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MessageSujet: La Licorne 2   LES LICORNES EmptyVen 16 Juin - 12:42

La licorne du Moyen-Âge doit moins à Pline ou Aristote, auxquels les lettrés de la Renaissance, avides de sources classiques, s'efforcèrent de la ramener, qu'au Physiologus, manuscrit hellénistique rédigé au IIème siècle de notre ère, que le Moyen-Âge a longtemps attribué à saint Ambroise<5>. À Alexandrie se fondaient les traditions grecques et orientales, que l'on retrouve mêlées dans ce traité attribué à un hypothétique «naturaliste», mais sans doute travail commun de nombreux savants. Le Physiologus, ensemble de brefs récits concernant des créatures de toutes sortes, forme la base commune de tous les bestiaires médiévaux. Où nous voyons aujourd'hui la Nature, les hommes d'alors voyaient la Création, immense réservoir de merveilles, sermons et métaphores placées là par le Créateur pour l'édification spirituelle et morale de l'humanité. On ne doit donc pas s'étonner de trouver après chaque récit une interprétation allégorique, morale et chrétienne, cela va de soi. Et le caractère merveilleux de nombre de descriptions, les pouvoirs extraordinaires attribués à tel ou tel animal, ne doivent pas non plus nous surprendre, le Moyen-Âge s'attendant justement à trouver dans la nature les merveilles semées ici et là par le Créateur pour manifester Sa Puissance et Sa Gloire. Mais si chaque merveille est une hiérophanie, et chaque article du bestiaire un apologue, l'ensemble n'en constitue pas moins une sorte d'encyclopédie de la nature.

Tous les bestiaires médiévaux, rédigés entre lesXIIème et XIVème siècles, s'inspirent du Physiologus. Certains, comme celui de Pierre de Beauvais, également appelé Pierre le Picard, sont même pour l'essentiel de simples traductions. Par la suite s'ajoutèrent au texte grec de nombreuses autres créatures, voire des pierres ou des plantes, dont les descriptions sont souvent empruntées aux Etymologiæ d'Isidore de Séville, qui devaient elles-mêmes beaucoup à l'Histoire Naturelle de Pline l'Ancien. Voici à titre d'exemple la liste des 38 articles du premier bestiaire en langue vulgaire, celui de Philippe de Thaon, au début du XIIème siècle: lion, licorne, panthère, dorcon (chèvre sauvage), hydre, crocodile, cerf, aptalon (antilope), fourmi, centaure, castor, hyène, belette, autruche, salamandre, sirène, éléphant, mandragore, vipère, sarce, hérisson, goupil, onagre, singe, baleine, perdrix, aigle, pluvier, phénix, pélican, colombe, tourterelle, huppe, ibis, foulque, nycticorax (chouette), aimant, autres pierres.

LES LICORNES I28yq

Le Liber Subtilitatum de Divinis Creaturis, attribué à sainte Hildegarde de Bingen, est le plus riche des bestiaires, qui décrit 36 poissons, 72oiseaux, 45 bêtes sauvages et 8 reptiles, sans compter les pierres et plantes. C'est aussi le plus éloigné de la tradition hellénistique puisqu'il délaisse les allégories au profit de l'intérêt pratique, médical, des créatures décrites. Le Bestiairerimé de Guillaume le Clerc de Normandie développe avec une ampleur et une poésie jusque-là inconnues les métaphores chrétiennes. Plus littéraire, le Bestiaire d'amour de Richard de Fournival est le seul dans lequel l'allégorie chrétienne s'efface devant la rhétorique de l'amour courtois.

Écrits le plus souvent en langue vulgaire, ce ne sont pas vraiment des ouvrages savants ou religieux, mais ils s'adressaient à un public cultivé. Leurs références orientales sont bien éloignées des traditions populaires orales, sur lesquelles nous en savons peu. Les contes de nos campagnes, dont sont issus les garous et autres farfadets, totalement absents de l'univers habituel des bestiaires, semblent avoir ignoré la licorne. Tout au plus existe-t-il peut-être quelques liens, bien ténus, entre l'unicorne des traditions lettrées et la blanche biche de bien des contes et chansons populaires<6>.

La vierge et la licorne

Plus que le monocéros de Pline, ou l'oryx et l'âne indien d'Aristote, le véritable ancêtre de la licorne est donc plutôt l'unicorne des bestiaires qui, pour les lettrés du Moyen-Âge, avait autant de réalité que ses compagnons le lion, le castor ou le dragon.

Voici ce qu'en disait, dans les premières années du XIIIème siècle, le Bestiaire de Pierre de Beauvais, le plus proche du Physiologus original: «Il existe une bête appelée en grec monocéros c'est-à-dire en latin unicornis. Physiologue dit que la nature de la licorne est telle qu'elle est de petite taille et qu'elle ressemble à un chevreau. Elle possède une corne au milieu de la tête, et elle est si féroce qu'aucun homme ne peut s'emparer d'elle, si ce n'est de la manière que je vais vous dire: les chasseursconduisent une jeune fille vierge à l'endroit où demeure la licorne et ils la laissent assise sur un siège, seule dans le bois. Aussitôt que la licorne voit la jeunefille, elle vient s'endormir sur ses genoux. C'est de cette manière que les chasseurs peuvent s'emparer d'elle et la conduire dans les palais des rois<7>.»

Pour l'homme médiéval, les merveilles de la Création étaient des signes laissés par Dieu pour l'édification des hommes. L'allégorie qui en était tirée légitimait donc l'histoire de la capture de la licorne. Nous pourrions presque écrire que l'interprétation chrétienne prouvait la réalité du récit, mais cette réalité, même pas discutée, n'était pas véritablement en jeu. On croyait donc que la licorne ne pouvait être capturée qu'avec l'aide d'une pure jeune fille, comme on croyait que les lionceaux, morts à la naissance, ressuscitaient après que le lion les eût léchés pendant trois jours, et que le Phénix renaissait dans les flammes.

Voici l'interprétation que faisait le bestiaire picard du récit de la capture de la licorne: «De la même manière Notre SeigneurJ ésus-Christ, licorne céleste, descendit dans le sein de la Vierge, et à cause de cette chair qu'il avait revêtue pour nous. Il fut pris par les juifs et conduit devant Pilate, présenté à Hérode et puis crucifié sur la Sainte Croix, lui qui auparavant se trouvait auprès de son Père, invisible à nos yeux. Voila pourquoi il dit lui-même dans les Psaumes: “Ma corne sera élevée comme celle de l'unicorne”. On a dit ici que la licorne possède une seule corne au milieu du front: c'est là le symbole de ce que le Sauveur a dit: “Mon Père et moi, nous sommes un: Dieu est le chef du Christ.” Le fait que la bête est cruelle signifie que ni les Puissances,ni les Dominations, ni l'Enfer ne peuvent comprendre la puissance deDieu. Si l'on a dit ici que la licorne est petite, il faut comprendre que Jésus Christ s'humilia pour nous par l'incarnation; à ce propos, il a dit lui même: “Apprenez de moi que je suis doux et humble de cœur”, et David dit que celuiqui accomplira les bonnes œuvres, il sera conduit au palais royal, c'est à dire au Paradis.<8>»

LES LICORNES I46bt

Dans cette première licorne, nous voyons déjà quelques-uns des traits de l'animal tel qu'il survit dans l'imaginaire moderne: le récit émouvant de sa capture, bien sûr, mais aussi certaines caractéristiques physiques. Notons cependant que, si les peintres et liciers de la Renaissances mirent souvent sur ses traits une douceur résignée qui suggère le sacrifice, aucun texte, ni au Moyen-Âge, ni plus tard, n'indiqua jamais que la bête ait pu être consciente du piège dans lequel elle tombait. La licorne grandit, mais de son passé de chevreau elle conserva des sabots fendus et souvent une barbichette.

Le Bestiaire divin de Guillaume le Clerc de Normandie est contemporain de celui de Pierre de Beauvais. Tant pour la description que pour l'interprétation morale, son texte est cependant beaucoup plu sélaboré. Voici le portrait qu'il nous fait de la bête unicorne: «Nous allons parler maintenant de la licorne: c'est un animal qui ne possède qu'une seule corne, placée au milieu du front. Cette bête a tant de témérité, elle est si agressive et si hardie, qu'elle s'attaque à l'éléphant: c'est le plus redoutable de tous les animaux qui existent au monde. La licorne a le sabot si dur et si tranchant qu'elle peut parfaitement se battre contre l'éléphant. Et l'ongle de son sabot est si aigu que, quoi que ce soit qu'elle en frappe, il n'est rien qu'elle ne puisse percer ou fendre. L'éléphant n'a aucun moyen de se défendre quand elle l'attaque, car elle le frappe sous le ventre si fort, de son sabot tranchant comme une lame, qu'elle l'éventre entièrement. Cette bête possède une telle vigueur qu'elle ne craint aucun chasseur. Ceux qui veulent tenter de la prendre par ruse et de la lier vont d'abord l'épier tandis qu'elle est en train de jouer sur la montagne ou dans la vallée; une fois qu'ils ont découvert son gîte et relevé avec soin ses traces, ils vont chercher une demoiselle qu'ils savent vierge, puis ils la font s'asseoir au gîte de la bête et attendre là pour la capturer. Lorsque la licorne arrive et qu'elle voit la jeune fille, elle vient aussitôt à elle et se couche sur ses genoux; alors les chasseurs, qui sont en train de l'épier, s'élancent; ils s'emparent d'elle et la lient, puis ils la conduisent devant le roi, de force et aussi vite qu'ils le peuvent<9>.»

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MessageSujet: La Licorne 3   LES LICORNES EmptyVen 16 Juin - 12:43

Outre le Physiologus, Guillaume le Clerc avait sans doute lu les Etymologiæ d'Isidore de Séville. C'est en effet le prélat espagnol qui, le premier, avait, au VIIème siècle, regroupé dans une même notice<10> le récit, trouvé dans le Physiologus, de lacapture de la licorne à l'aide d'une jeune vierge, et la description du combat du rhinocéros et de l'éléphant<11>, empruntée à l'Histoire naturelle de Pline ou à la Polyhistoria de son imitateur Solin. On est surpris que la licorne use, pour transpercer les entrailles del'éléphant, de ses sabots, et non, comme elle le faisait pourtant dans le texte d'Isidore, de sa puissante corne; ilest possible que cela soit dû à une simple erreur de traduction<12>.Quoi qu'il en soit, corne ou sabot, la confusion avec lerhinocéros donnait pour longtemps de la force et du volume à la licorne.

Le Livre du trésor est un bestiaire tardif que l'encyclopédiste italien Brunetto Latini (1230-1294) écrivit lors de son exil en France. Il dresse de la licorne un portrait moins avenant encore: «Lalicorne est une bête redoutable, dont le corps ressemble un peu à celui d'un cheval; mais elle a le pied del'éléphant et une queue de cerf, et sa voix est toutà fait épouvantable. Au milieu de sa tête se trouve une corne unique, extraordinairement étincelante, et qui a bien quatre pieds de long, mais elle est si résistante et si acérée qu'elle transperce sans peine tout cequ'elle frappe. Et sachez que la licorne est si cruelle et si redoutable que personne ne peut l'atteindre ou la capturer àl'aide d'un piège, quel qu'il soit: il est bien possible de la tuer, mais on ne peut la capturer vivante. Cependant, les chasseurs envoient une jeune fille vierge dans un lieu que fréquente la licorne, car telle est sa nature: elle se dirige tout droit vers la jeune vierge en abandonnant tout orgueil, et elle s'endort doucement dans son sein, couchée dans les plis de ses vêtements, et c'est de cette manière que les chasseurs parviennent à la tromper<13>.»

La licorne décrite par Brunetto Latini est une étrange chimère, puisqu'elle tient tout à la fois de l'unicorne du Physiologus, pour le récit de sa capture, du rhinocéros pour sa puissance de combat, et du monocéros décrit par Pline, pour son apparence physique. C'est cet animal qui, tout sauvage et cruel qu'il soit, succombe au charme des jeunes filles, que le Moyen-Âge finissant légua aux érudits de la Renaissance. Mais avant d'en arriver là, le lecteur, séduit peut-être, tout comme le féroce unicorne, par la jeune fille embusquée dans la forêt, pardonnera, j'espère, un détour par toutes ces légendes où apparaissent des licornes.

L'histoire de sa capture par des chasseurs utilisant une jeune vierge comme appât est le plus ancien des récits impliquant la licorne. Rappelons - cela sera également vrai pour les autres légendes qui vont suivre -, qu'il ne s'agit pas d'un récit mythique, d'un événement qui serait arrivé, une seule et unique fois, dans un passé lointain; bien au contraire, si l'on encroit le Physiologus, c'est là une technique de chasse éprouvée et efficace, sans doute régulièrement utilisée dans les lointaines contrées que hante l'animal farouche et solitaire.

La licorne et la fontaine

Les bestiaires ne font aucune allusion au pouvoir qu'aurait la corne de licorne de neutraliser les poisons. Au XIIème siècle, l'abbesse Hildegarde de Bingen, dans son Liber Subtilitatum de Divinis Creaturis, préconisait contre la lèpre un onguent à base de foie de licorne et de jaune d'œuf, ainsi que le port d'une ceinture et de chaussures en cuir de licorne, mais elle ignorait tout des propriétés de sa corne<15>.

C'est un bestiaire grec tardif, datant sans doute du XIIIème siècle, qui, semble-t-il pour la première fois, rapporte la scène de la purification de l'eau. Après la description habituelle des caractéristiques de la licorne, le récit de sa capture par une jeune fille et l'interprétation allégorique de l'épisode, l'auteur mentionne un grand lac auprès duquel les animaux se rassemblent pour boire. «Mais avant qu'ilsne soient rassemblés, le serpent vient et lance son poison dans l'eau. Alors les animaux remarquent bien le poison et n'osent pas boire, et ils attendent la licorne. Elle vient et elle se dirige immédiatement vers le lac et, faisant avec sa corne le signe de la croix, elle rend le poison inoffensif. Et tous les autres animaux boivent alors<16>.»

Alors qu'il interprétait longuement le récit de la chasse, le texte ne donne aucune lecture morale ou allégorique de cet incident. De plus, contrairement à la tradition des bestiaires, ce récit se trouve à la fin du chapitre, après le commentaire symbolique de la description et de la capture de la licorne. Tout cela confirme qu'il s'agit là d'un ajout plus récent au corpus traditionnel concernant l'animal, peut-être à l'initiative même du rédacteur de ce bestiaire.

Il n'est pas surprenant que ce récit soit apparu dans le monde byzantin. L'auteur avait sans doute lu l'Histoire des animaux, écrite en langue grecque au troisième siècle de l'ère chrétienne par Élien de Préneste. Bien que ce dernier eût été citoyen romain, son texte n'a en effet été traduit en latin qu'au XVIème siècle, et restait donc ignoré de la plupart des rédacteurs de bestiaires occidentaux. Or en deux endroits de cet ouvrage, Élien faisait allusion à l'utilisation par les Indiens de la corne de l'«âne sauvage unicorne» et du «cheval unicorne» pour lutter contre le poison: «L'Inde produit des chevaux et des ânes à corne unique. De ces cornes, ils font des coupes pour boire, et si quelqu'un met un poison mortel dans la boisson, celui qui en boit ne souffrira aucun mal. Car il semble que la corne du cheval, comme celle de l'âne, soit un antidote contre le poison<17>.» C'est vraisemblablement l'identification de la licorne à l'âne des Indes d'Élien qui est à l'origine de la croyance aux vertus médicinales de la corne de licorne, et qui a donné naissance à la légende de la purification des eaux.

Ce thème, absent jusque-là de la littérature, comme de l'iconographie, est vite devenu populaire. C'est dans un manuscrit recopié dans le sud de la France à la fin du XIVème siècle, que nous le voyons pour la première fois en Occident. Le Livre des secrez de nature sur la vertu des oyseauls et des poissons pierres herbes et bestes est un bestiaire atypique, qui s'inspire moins du Physiologus que des Cyranides, un traité de magie d'origine hellénistique, que la Renaissance néoplatonicienne allait intégrer un temps au corpus hermétique. Le rédacteur du bestiaire affirme d'ailleurs que «le noble roi Alfonse d'Espagne<18> fit transporter [ce texte] de grec en latin». Cela nous ramène au plus tard au début du XIIIème siècle, mais il est impossible en l'absence du texte latin de savoir à quel moment précis le récit de la purification des eaux, absent des Cyranides, a été intégré à ce bestiaire méridional. «L'unicorne est une bête qui naît ès parties d'Inde, laquelle a corps de cheval et pieds d'éléphant et la tête comme le cerf et moult claire voix et enmi le front une corne de quatre pieds de long laquelle est aiguë et tranchante comme un espin. Et en celles parties et déserts où elle demeure a tant de vermine de serpents et de couleuvres que tous les lacs et lieux aqueux en sont trèstout pleins tant que les autres bêtes n'osent boire pour le très grand venin qui y est jusques à tant que l'unicorne y vient boire; car nature les enseigne que cette bête les doit garder de ce venin. Car cette bête unicorne a telle vertu que incontinent que de sa corne que a au milieu du front touche l'eau envenimée, tout le venin et vermine sautefors; et adonc elle boit et toutes les autres bêtes boivent après lui. Et sachez que la corne de cette bête a maintes nobles propriétés car elle vaut contre tout venin et contre toute enflure, donnant du vin ou de l'eau à boire là où la dite corne soit lavée ou de la poudre ou de la rasure d'elle. Et sachez que cette bête est de telle nature que nul ne la peut prendre sinon une belle pucelle laquelle on lui met en sa voie. Et la pucelle quand la voit venir lève le giron de sa robe et elle se vient endormir en son giron. Et adonc vient le veneur qui l'épie et la tue en son giron car autrement ne la peut-on avoir<19>.»
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MessageSujet: La Licorne 4   LES LICORNES EmptyVen 16 Juin - 12:46

En 1389, le père Johann van Hesse, originaire d'Utrecht, revint d'un pèlerinage en TerreSainte. Dans sa relation de voyage, il écrivit: «Vers lechamp Helyon, dans la Terre Promise, coule la rivière Mara,dont Moïse désinfecta les eaux impures d'un coup de son bâton, afin que les enfants d'Israël puissent boire<20>. Aujourd'hui encore, les animaux maudits corrompent cette eau dès le coucher du soleil, et nul ne peut plus en boire. Maisà l'aurore, la licorne sort de la mer, plonge sa corne dans le flot et en retire le venin afin que les autres animaux puissent boire de cette eau pendant tout le jour. Ce que je décris ici, je l'ai vu de mes propres yeux<21>.» Nous avons même là le seul témoin oculaire de cette scène qui illustre magnifiquement, tout à la fois, la symbolique christique de la licorne et les propriétés médicinales de sa corne. On s'étonne seulement, mais cela renforce encore la magie de l'image, de voir la bête surgir de la mer.

La scène fut même parodiée, ce qui montre bien sa diffusion et sa popularité. Dans le Cinquième livre des faicts etdicts héroïques du bon Pantagruel, publié en1562, nous lisons en effet: «J'y vis trente deux unicornes...Une d'icelles je vis, accompagnée de divers animaux sauvages, avec sa corne émonder une fontaine. Là me dit Panurge que son courtaut ressemblait à cette unicorne, non en longueur du tout, mais en vertu et propriété. Car ainsi comme elle purifiait l'eau des mares et fontaines d'ordure ou venin aucun qui y était, et ces animaux divers, en sûreté, venaient boire après elle, ainsi sûrement on pouvait après lui farfouiller sans danger de chancre, vérole, pisse-chaude, poulains grenés et tels autres menus suffrages, car si aucun mal était au trou méphitique, il émondait tout avec sa corne nerveuse. - Quand, dit frère Jean, vous serez marié, nous ferons l'essai sur votre femme<22>.»

Chaque homme tue l'être qu'il aime

Outre son absence dans les bestiaires plus anciens, il est une autre raison de penser que la scène de la licorne purifiant les eaux est plus récente que celle de sa capture par une vierge traîtresse. Au vu du récit traditionnel de la chasse à la licorne, dans lequel une jeune fille attire l'animal dans la forêt, pour que les chasseurs puissent le tuer, ou dans des versions plus douces le capturer, puis de l'interprétation symbolique qu'en font lesr édacteurs du bestiaire, le lecteur moderne est pris d'un certain malaise<23>. Lisons, par exemple l'analyse qu'en fait, dans son Bestiaire, Guillaume le Clerc de Normandie:

«Cette bête extraordinaire, qui possède une corne sur la tête, représente Notre Seigneur Jésus-Christ, notre sauveur. Il est la licorne céleste qui est venue se loger dans le sein de la Vierge, qui est d'une si grande bonté. En elle, ilr evêtit forme d'homme, et c'est ainsi qu'il se montra aux yeux du monde. Son peuple ne le reconnut pas; tout au contraire les Juifs l'épièrent, jusqu'au moment où ils s'emparèrent de lui et le lièrent. Ils le conduisirent devant Ponce Pilate, et là, ils le condamnèrent à mort<24>.»

<XIV>
Le commentaire est surprenant, puisque la scène représente successivement l'Incarnation et la Passion. Quant au rôle de la Vierge Marie, il est pour le moins ambigu lorsqu'elle semble livrer elle-même son fils aux juifs «déicides», figurés par les chasseurs, dans un récit qui concorde mal avec les Évangiles. Pour pouvoir traiter ici l'un des thèmes qui furent à l'origine de l'antisémitisme occidental, Guillaume le Clerc doit donc violenter les textes sacrés. Tout cela est bien biscornu, un comble en matière de licorne, et l'allégorie semble inadéquate, comme si elle avait été appliquée, brutalement et artificiellement, sur un récit préexistant, qui ne s'y prêtait guère. On peut penser que, si le Physiologus fut rédigé vers le IIème siècle, peut-être à Alexandrie, la légende de la licorne vient d'un Orient plus ancien ou plus lointain, et sans doute moins chrétien.

Certains copistes du Moyen-Âge ont pu, comme nous, être choqués de voir Marie dans le rôle de Dalila<25>; quelques bestiaires omettent, en effet, la lecture allégorique de la chasse à la licorne, qui figurait pourtant dans le Physiologus original, alors même qu'ils interprètent symboliquement l'aspect de la licorne, sa force et sa petite taille26. Le rédacteur d'un bestiaire toscan, daté de 1468, imagina même une autre interprétation de la scène de la capture de la licorne, qui présentait en outre l'avantage d'expliquer également la force de l'animal: «La licorne, une des plus cruelles bêtes qui soient, a entre les yeux une corne terriblement acérée à laquelle aucune armure ne peut résister. A cause de sa férocité, cet animal ne peut être capturé que par ruse. Une pure vierge l'approche et, attiré par l'odeur de la virginité, il se couche à ses pieds et est tué par le chasseur... La licorne symbolise les hommes violents et cruels auxquels rien ne peut résister, mais qui peuvent être vaincus et convertis par le pouvoir de Dieu... Ce fut ce qui arriva a Saul, et depuis à de nombreux autres<27>». Cette lecture, qui néglige la mort de l'animal, est cependant restée très marginale.

De même, alors que quelques bestiaires indiquent que la jeune fille séduisant la licorne doit sinon être nue, du moins découvrir son sein<28>, elle est cependant très régulièrement représentée vêtue d'une robe riche et élégante, comme il convient à une figure de la Vierge Marie et, plus tard, à un symbole de chasteté. Dans la très riche iconographie de cette scène, nous n'avons trouvé que deux vierges nues, sur un bestiaire anglais du XIIème siècle et sur une copie du XIVème siècle du Bestiaire divin de Guillaume leClerc.

Le premier bestiaire en langue française, rédigé en Angleterre par le clerc Philippe de Thaon dans le premier tiers du XIIème siècle, faisait déjà de la capture de la licorne l'interprétation chrétienne qui allait devenir traditionnelle. Pourtant, il donnait non seulement de la jeune vierge, mais aussi de la licorne, des images assez maladroites pour des représentations de Marie et du Christ.

«Quant om le volt chacier
Et prendre e engignier,
Si vient [en la] forest
U sit repaires est,
La met une pulcele
Hors del sein sa mamele:
Et par l'odurement
Monosceros la sent,
Dunc vient à la pulcele
Si baise sa mamele,
En sun devant se dort
Issi vient à sa mort:
Li om survient atant
Ki l'ocit en dormant
U trestut vif le prent...<29>»

Notons au passage que, tout comme il y avait une odeur de sainteté, il y avait donc une odeur de chasteté, qui attirait irrésistiblement ce «monosceros». Ce n'était pas alors, comme ce le deviendrait plus tard, une explication de la singulière technique employée pour chasser la licorne; les merveilles dela Création n'avaient nul besoin d'être expliquées, et cette odeur n'était qu'une merveille de plus. Dans un poème de Guido Cavalcanti, à la fin du XIIIème siècle, il est une dame de Florence dont la vertu est si grande «que le sentent toutes les licornes de l'Inde<30>».

On devine pourtant déjà, à cette attirance pour les jeunes vierges, une certaine lascivité du comportement de l'animal. Remarquons de plus que, si la licorne baise la mamelle de la pucelle, ce n'est certainement pas pour en tirer du lait, le sein d'une vierge n'étant guère nourrissant. Enfin les deux derniers vers montrent une hésitation, qui perdura longtemps, quant au sort, tué ou pris, de l'animal.

La Summa de Exemplis du dominicain italien Giovanni di San Geminiano (?-1364) est une vaste encyclopédie, dont le cinquième livre traite des animaux. Ce texte parfois original peut avoir été rédigé d'après un Physiologus grec et non d'après d'autres bestiaires médiévaux. On y découvre un récit légèrement différent de la chasse à la licorne, mais ces spécificités elles mêmes nous apprennent beaucoup sur les sous entendus de l'histoire: «les chasseurs qui veulent capturer cet animal ligotent une jeune vierge nue à un arbre, près de l'endroit ou il doit passer. En passant, il sent l'odeur de la virginité et change du tout au tout. Il bandonne sa férocité dans le giron de la jeune vierge, devenant doux comme un agneau, et on peut le ligoter et le capturer sans peine<31>».

Plus rare, l'allégorie courtoise semble donc bien plus adaptée que la laborieuse interprétation chrétienne, comme le montre le bestiaire d'amour de Richard de Fournival (vers 1200-vers 1250): «C'est exactement de cette manière qu'Amour s'est vengé de moi... [Il] plaça sur mon chemin une jeune fille à la douceur de laquelle je me suis endormi, et qui m'a fait mourir d'une mort telle qu'il appartient à Amour, à savoir le désespoir sans espérance de merci<32>.»

<XVIII>
Coffret d'ivoire sculpté du XIVème siècle, d'origine française, aujourd'hui exposé au British Museum. Toutes les scènes représentées sur les côtés et le couvercle de cette boite font référence aux thèmes de l'amour courtois. Des dames assistent à un tournoi, le château de l'amour est défendu par des amours ailés et des jeunes filles armées de roses. Enfin, sur le côté montré ici, on voit une licorne reposant sa tête dans le giron d'une jeune fille tenant un miroir, tandis que le chasseur - l'amour -, les yeux fixés sur la dame, transperce l'animal de sa lance. A gauche, Tristan et Iseult conversent; caché dans l'arbre, le roi Marc observe la scène, et son visage se reflète dans l'eau de la fontaine.
L'ambiguïté du rôle de la vierge apparaît aussi dans la belle chanson de Thibaut de Champagne (1201-1253), Roi de Navarre:

«Ainsi comme unicorne suis
Qui s'ébahit en regardant
Quand la pucelle va mirant,
Tant est lié de son ami;
Pâmée chiet en son giron,
Lors l'occit-on en trahison,
Et moi ont fait de tel semblant,
Amour et ma dame, pour voir,
Mon cœur n'en puis pointravoir...<33>»
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MessageSujet: La Licorne 5   LES LICORNES EmptyVen 16 Juin - 12:48

<XIX>
Sur cet émail français du XIVème siècle, la scène de la capture de la licorne est devenue totalement profane. La dame contemple son visage dans un miroir. Le chasseur est perché sur un arbre, ce qui nous rappelle qu'il représente ici l'amour, la licorne étant l'amant.
<XX>
La dame n'apparaît pas sur cette scène, mais la face et le dessus du coffret dont nous voyons ici le dos présentent la dame offrant un anneau à son amant et l'amant enchainé par sa dame. Ici encore, la capture de la licorne est clairement une allégorie de l'amour.

<XXI>
<XXII>

Au XVème siècle, le thème des hommes et des femmes sauvages envahit l'iconographie<34>. Ces sylvains sont familiers des bêtes sauvages, parmi lesquelles la licorne. Ils peuvent personnifier la violence des instincts et des passions humaines, et les sauvages sont alors représentés chevauchant la licorne. Ils peuvent aussi mener une calme vie pastorale, comme dans un monde d'avant la chute. Dans la gravure du Maître des cartes à jouer, comme dans la tapisserie alsacienne de la «jeune fille bleue», la scène classique de la vierge et de la licorne est sécularisée par sa transposition dans cet univers arcadien.

<XXIII>
Annonciation à la licorne. L'Ange Gabriel est un veneur sonnant de la trompe. Les lévriers se nomment ici Castitas, Veritas etHumilitas, mais leurs noms peuvent varier. Gravure anonyme, vers 1450.

Le symbolisme de l'agneau pascalc onvenait bien mieux aux représentations de la Passion. L'iconographie chrétienne de la Renaissance a donc modifié la scène de la chasse à la licorne, pourlui faire signifier l'Annonciation. Vers le milieu du XVème siècle, les chasseurs disparaissent, remplacés par un veneur ailé poussant devant lui ses chiens. En même temps, la licorne perd sa silhouette de chevreau, qui rappelait l'agneau pascal, pour ressembler de plus en plus à un cheval qui n'a rien de sacrificiel. La vierge ne représente plus Marie; elle est, dans une scène désormais purement symbolique, la Vierge Marie. Le veneur est l'ange Gabriel, les chiens sont les vertus chrétiennes<35>. L'ensemble est une allégorie de l'Annonciation, la licorne dardant sa corne dans le sein de la Vierge comme pour la pénétrer. La douceur sereine et un peu triste que peintres et liciers ont mis sur la face de la licorne ne suffit cependant pas à rendre convaincante une chasse qui oublie que la proie est aussi victime, destinée à être prise ou tuée.

<XXIV>
Dans ce diptyque de la fin du XVème siècle, attribué à l'entourage de Martin Schöngauer (1450-1491), les chiens se nomment Misericordia, Justitia, Pax etVeritas. Outre la licorne, on reconnaît dans cette scène toute une série d'attributs mariaux: la toison d'or, les pommes d'or, la pure fontaine du Paradis..., indiqués par des phylactères. Dieu le père observe la scène depuis le buisson ardent, mais le tableau est judicieusement cadré de manière que le peintre n'ait pas à représenter son visage. Maître autel de l'église des dominicains de Colmar.
<XXV>
Reliure de cuir gravé du XVème siècle. Les Annonciations à la licorne sont fréquemment représentées à l'intérieur des murs du Jardin clos, qui est à la fois une évocation du jardin d'Éden et une image de Marie elle-même.

Des traces de l'ancienne tradition iconographique des Passions à la licorne resurgissent parfois, lorsque le chasseur transperce encore de sa lance le flanc de la licorne. L'on ne sait alors plus bien si la blanche bête est le Christ ou l'Esprit, et la scène, déjà assez sordide, semble se compliquer d'inceste.

<XXVI>
Cette tapisserie rhénane, en laine, soie et argent, tissée vers 1480, figure l'Annonciation, mais l'allégorie s'y complique au point de devenir difficilement intelligible. Comme dans les miniatures médiévales, la licorne christique a le flanc percé par une lance. Le chasseur n'est autre qu'Adam, et Eve, accroupie aux pieds de l'animal, recueille son sang dans une coupe.
<XXVII>
Il est difficile de voir une allégorie de l'Annonciation dans une image d'où la Vierge est absente. Le peintre qui dessina les cartons des tapisseries de La Chasse à la licorne connaissait cependant la signification habituelle de ces scènes, et s'est peut-être inspiré d'un modèle d'Annonciation. En effet, le chasseur qui sonne du cor à gauche de la scène, comme pour annoncer une nouvelle, est très probablement l'ange Gabriel. Sur le fourreau de son épée, on peut lire Ave Regina C[œlorum].

Chez les peintres italiens de la Renaissance, la référence chrétienne se fait discrète. Chasseurs et chiens ont quitté la scène, laissant la jeune fille seule avec une licorne qui est plus compagne que victime. Ce ne sont plus des chasses, des captures, des Annonciations ni des Passions, mais de simples tableaux intimistes, qui ne font plus directement référence à la légende de la capture de la licorne par une vierge. De son passé marial, la bête à la robe de neige conserve cependant une forte valeur emblématique. Elle représente alors la pureté, la chasteté, la force aussi, des belles dames qu'elle accompagne.

<XXVIII>
Giorgione (1478-1511), Allégorie de la chasteté<36>.
<XXIX>
En 1515, sur la reliure de ce riche manuscrit de la Grandeur et excellence de la vertu, la licorne est encore endormie sur les genoux d'une jeune femme. L'animal porte toujours des valeurs nobles; il reste associé à la vierge, mais la genèse de ce couple est bien oubliée puisque la scène symbolise ici... l'espérance
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MessageSujet: La Licorne 6   LES LICORNES EmptyVen 16 Juin - 12:49

Il en va de même chez les médailleurs italiens des XVème et XVIème siècles, comme Pisanello, qui utilisèrent souvent la licorne aux revers de médailles pour signifier un trait de caractère de la dame dont ils exécutaient le portrait<37>. Pour évoquer les qualités de Covella Marzane, Sperandio de Mantoue a coulé sur une médaille son portrait parmi des animaux symboliques. Elle apparaît de face, sur un trône mi-partie licorne, mi-partie chien; un serpent enroulé autour de son bras gauche semble lui parler à l'oreille. Chasteté, Fidélité, Prudence, sont les vertus de Covella, et, comme l'indique la légende qui entoure le portrait, Sic itur ad astra, C'est ainsi que l'on parvient au ciel<38>.

C'est aussi à son long passé d'intimité avec les jeunes filles, et non à la constellation de la licorne qui ne reçut ce nom qu'au XVIIème siècle, que notre fier animal doit sa présence, purement iconographique, dans quelques traités d'astrologie.

<XXX>
La vierge, sixième signe astrologique, gravure de l'édition de 1587 du Livre d'Arcandam, qui traite des prédictions d'astrologie, d'Antoine Mizauld.
<XXXI>
Le signe de la vierge, gravure du Passetemps de la fortune des déz, 1637.

Le récit de la purification des eaux, même si la licorne ne fait pas toujours le signe de croix avec sa corne avant de la tremper dans les fontaines infectées, ne présente en revanche aucune ambiguïté. L'interprétation chrétienne en est si évidente - le serpent qui empoisonne l'eau est le diable semant le péché dans le monde, la licorne est le Christ rédempteur - qu'elle n'est le plus souvent même pas explicitée. En outre, l'épisode semble également fait tout exprès pour illustrer les propriétés médicinales attribuées, elles aussi depuis la fin du Moyen-Âge, à la corne de la blanche bête.

La structure de ces deux apologues conduit donc à penser que la scène de la purification des eaux est d'apparition récente, tandis que celle de la capture de la licorne remonte peut-être à un passé très ancien<39>.

<XXXII>
Gravure d'un livre d'heures imprimé à Lyon en 1499. La licorne trempe sa corne dans l'eau, et les autres bêtes s'apprêtent à boire. Dans le fond, on distingue un serpent qui s'enfuit le long du fleuve, peut-être vers le château représenté en arrière plan, sur une colline: le monde du péché est celui des hommes, non celui des animaux<40>.
<XXXIII>
La faune merveilleuse de l'Orient. Miniature de Robinet Testard sur un manuscrit, datant de la fin XVème siècle, du Secret de l'histoire naturelle contenant les merveilles et choses mémorables du monde. Le texte parle des licornes vivant en Inde, mais ne fait aucune allusion à la scène de la purification des eaux, pourtant clairement représentée ici. L'eau empoisonnée, grise en amont de la licorne, est purifiée et reprend sa belle teinte bleue en aval. Outre la licorne, on reconnaît de nombreux animaux exotiques, imaginaires (manticore, dragon...) ou réels (crocodile, lion, grues...).

Sur quelques miniatures du XVème siècle, on voit déjà la licorne trempant sa corne dans un fleuve empoisonné, alors mêmeq ue le texte ainsi illustré, plus ancien, ignore encore cette légende. Sur les gravures et peintures de la Renaissance, la bête est très souvent représentée purifiant les eaux d'une rivière, d'un lac ou d'une fontaine. Rendue vraisemblable, ou du moins symboliquement légitime, par la généralisation de l'usage médical de la corne de licorne, cette scène devint, dans l'art des XVIème et XVIIème siècles, aussi fréquente que celle de la capture de l'animal par une vierge.

<XXXIV>
La licorne à la fontaine. Tapisserie de la série dite de La Chasse à la licorne. Imprudent, le faisan a déjà commencé à boire.
Dans la série de tapisseries de La Chasse à la licorne, datant des dernières années du XVème siècle et aujourd'hui conservée au musée des Cloisters, à New York, les chasseurs surprennent la licorne au pied d'une fontaine, purifiant l'eau afin que les autres animaux puissent boire. Dans une autre tenture, incomplète, de la même série, il semble qu'ait été représentée une jeune fille apprivoisant, ou du moins attirant, la licorne. On trouve encore les deux mêmes scènes dans une célèbre série de gravures de Jean Duvet, «le maître à la licorne», datée de 1562<41>. Lorsque, dans les emblèmes et hiéroglyphes de la Renaissance, le symbolisme tourne au délire labyrinthique, la licorne réapparaît fréquemment, tantôt assoupie dans le giron d'une vierge accueillante, tantôt accroupie au bord d'une rivière.
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MessageSujet: La Licorne 7   LES LICORNES EmptyVen 16 Juin - 12:50

<XXXV>
Deuxième et quatrième gravures de la série de Jean Duvet (1485-vers 1560), La Chasse à la licorne. Les six scènes représentées sont:
1: Un chasseur apporte les fumées à Henri II et Diane de Poitiers pour qu'ils jugent de la taille de l'animal.

2: La licorne trempe sa corne dans la rivière tandis que les autres animaux, prudents, attendent pour boire.

3: La licorne éventre un chasseur

4: La licorne, charmée par une jeune fille, est solidement attachée par les chasseurs

5: La licorne, montée par un amour, est transportée par un char

6: Le triomphe de la licorne

Trois scènes classiques de l'iconographie de la licorne apparaissent ici: la purification des eaux, la capture de l'animal, le triomphe. Elles se succèdent mais ne se mêlent pas, et la cohérence de l'ensemble n'est guère convaincante.



La licorne tombe de haut

Outre la capture de la licorne et la purification des eaux, le chasseur de licorne observe aussi, moins fréquemment, quelques autres scènes.

«On dit à son sujet qu'elle est redoutable et invincible, ayant toute sa force dans la corne; chaque fois qu'elle se croit poursuivie par plusieurs chasseurs et sur le point d'être prise, elle bondit sur un roc escarpé et se lance d'en haut; pendant sa chute elle se retourne; sa corne amortit le choc et elle reste indemne<42>», avait écrit au VIème siècle de notre ère le marchand moyen-oriental Cosmas Indicopleustès dans sa Topographie chrétienne. N'étant pas repris par les bestiaires, ce récit resta à peu près oublié jusqu'au XVIIème siècle, où il réapparut à l'occasion dans les dissertations érudites sur notre animal. En 1703, François Le Large écrivait d'une licorne à laquelle il ne croyait guère: «il y en a qui disent qu'elle est amphibie, que sa corne est mobile, que sa force est dans sa corne, et qu'étant poursuivie par des chasseurs, elle se précipite du haut des rochers et tombe sur sa corne sans se faire de mal. L'inventeur de cette fable devait bien nous dire comment fait cet animal pour se relever, ayant sa corne enfoncée dans la terre.<43>»



Le dit de l'unicorne et du serpent

L'histoire de Barlaam et Josaphat, dont on connaît de nombreuses versions dans l'Occident médiéval, remonte vraisemblablement à une source byzantine du VIème siècle, et peut-être au-delà, à certains récits, assez similaires, de la vie de Bouddha. L'une des paraboles contées à Josaphat par Barlaam pour le préparer au baptême met en scène une féroce licorne, peut-être à l'origine un rhinocéros, poursuivant le héros. Une version rimée de cette légende se trouve, sous le nom de Dit de l'unicorne ou Dit de l'unicorne et du serpent, dans quelques recueils hagiographiques des XIIIème et XIVème siècles<44>, on la retrouve également dans des textes plus encyclopédiques comme le Speculum Historiale de Vincent de Beauvais (vers 1250)<45>.

<XXXVI>
L'homme goûtant au miel trompeur des plaisirs du monde, lettrine historiée du Dit de l'unicorne et du serpent.
En voici une autre variante, celle qu'écrivit l'évêque de Gènes Jacques de Voragine, au XIIIème siècle, dans la Légende dorée: «Il y avait un homme, nommé Barlaam, qui vivait dans le désert près de Senaah et prêchait souvent contre les plaisirs illusoires du monde. Ceux, disaient-ils, qui convoitent les délectations corporelles et qui laissent mourir leur âme de faim ressemblent à un homme qui s'enfuirait au plus vite devant une licorne qui va le dévorer, et qui tombe dans un abîme profond. Or, en tombant, il a saisi avec les mains un arbrisseau et il a posé les pieds sur un endroit glissant et friable; il voit deux rats, l'un blanc et l'autre noir, occupés à ronger sans cesse la racine de l'arbuste qu'il a saisi, et bientôt ils l'aurontc oupée. Au fond du gouffre, il aperçoit un dragon terrible vomissant des flammes et ouvrant la gueule pour le dévorer; sur la place où il a mis les pieds, il distingue quatre aspics qui montrent la tête. Mais en levant les yeux, il voit un peu de miel qui coule des branches de cet arbuste; alors il oublie le danger auquel il se trouve exposé, et se livre tout entier au plaisir de goûter un peu de ce miel. La licorne est la figure de la mort, qui poursuit l'homme sans cesse et qui aspire à le prendre; l'abîme c'est le monde avec tous ses maux. L'arbuste, c'est la vie de chacun, qui est rongée sans cesse par toutes les heures du jour et de la nuit, comme par un rat blanc et un rat noir, et qui va être coupée. La place où sont les quatre aspics, c'est le corps composé de quatre éléments, dont les désordres amènent la dissolution de ce corps. Le dragon terrible est la gueule de l'enfer, qui convoite de dévorer tous les hommes. Le miel du rameau, c'est le plaisir trompeur du monde, par lequel l'homme se laisse séduire, et qui lui cache absolument le péril qui l'environne<46>.»

<XXXVII>
Barlaam enseignant Josaphat. Gravure sur bois de la fin du XVème siècle illustrant une version allemande en prose de la légende. La gueule du dragon s'ouvre sur les feux de l'enfer, la licorne menace d'y jeter l'homme trop avide.
Contrairement aux récits précédents, chasse à la licorne, purification des eaux, combat du lion et de la licorne, cette parabole ne prétend nullement décrire une scène réelle et habituelle, et nous ne nous y attarderons donc guère. Contentons-nous de remarquer que la licorne n'a pas ici le beau rôle.

<XXXVIII>
Gravure sur cuivre de Boetius Adam Bolswerth (vers 1580-1634) représentant la parabole de Barlaam. Pour rendre menaçante la traditionnelle licorne chevaline, le graveur a dû lui faire violemment rejeter l'air par les naseaux.


Le lion et la licorne

Nous avons vu les bestiaires citer les psaumes ou le livre de Job au sujet de la licorne, et il convient donc de préciser comment l'animal est entré dans les Saintes Écritures. Le responsable est la Bible grecque dite des Septante, traduction de l'Ancien Testament réaliséeà Alexandrie au troisième ou deuxième siècle avant Jésus-Christ, et destinée aux juifs hellénisés. Les traducteurs butèrent sans doutesur le mot hébreu Reem, ou Remim, dans lequel on voit aujourd'hui soit un buffle, soit un cerf, soit l'espèce éteinte bos primigenius, qui a vécu au Moyen-Orient. Les Septante traduisirent Reem par monoceros, terme qui voulait peut-être désigner un rhinocéros, dont le nom n'apparaît nulle part dans le texte biblique. Or c'est à partir de cette Bible en grec, et non du texte hébreu, que fut rédigé à lafin du IVème siècle le texte latin de saint Jérôme, connu sous le nom de Vulgate, qui allait devenir la version officielle de l'église romaine et être diffusé dans toute l'Europe. Les rédacteurs de la Vulgate semblent avoir hésité face au monoceros des Septante, qu'ils traduisirent tantôt par rhinoceros, tantôt, notamment dans Job, Isaïe et les Psaumes, par unicornis. Il était néanmoins évident pour eux que l'animal décrit devait être unicorne<47>. Le plus connu des passages bibliques mettant en scène la licorne était le psaume 22<48>,«sauve moi de la gueule du lion et des cornes (sic) de la licorne<49>». La tradition associa donc ces animaux, tous deux puissants, sauvages et exotiques. Ils figurent ainsi parfois, côte à côte ou affrontés, dans l'iconographie de la fin du Moyen-Âge, notamment dans les manuscrits juifs. Bien que le texte du psaume ne fasse pas mention d'un combat, l'affrontement des deux bêtes les mettait en situation, et était un moyen de représenter leur force et leur agressivité.

<XXXIX>
Le combat du lion et de la licorne, enluminure d'un livre d'heures anglo-français du XIIIème siècle. On remarque que l'image du lion n'est guère plus exacte que celle de son adversaire.
La connaissance médiévale faisait beaucoup de cas des «amis» et «ennemis naturels», supports inépuisables de métaphores moralisantes. La licorne, dont la seule amie, très rarement citée, semble avoir été la colombe, a longtemps eu pour ennemi naturel l'éléphant, à la suite d'une confusion avec le rhinocéros, dont nous avons rendu responsable Isidore de Séville. A la fin du Moyen-Âge, elle vit donc soudain se dresser devant elle un nouvel adversaire, le redoutable lion, avec lequel elle n'entretenait, dans la tradition des bestiaires, pas de lien particulier. L'origine de ce récit était déjà bien connue des savants de la Renaissance, puisque Conrad Gesner (1516-1565) l'attribuait au «roi d'Éthiopie, dans une lettre en hébreu au pontife de Rome<50>»; on reconnaît là la fameuse «lettre du Prêtre Jean», célèbre faux rédigé àla fin du XIIème siècle, sans cesse recopié, puis imprimé, jusqu'au début du XVIème. Dans l'une des innombrables versions de ce texte, nous lisons: «Le lyon les occit moult subtillement, car quant la licorne est lassée, elle se mect de costé ung arbre, et lion va entour et la licorne le cuyde fraper de sa corne et elle frappe l'arbre de sy grant vertus, que puys ne la peut oster, adonc le lyon la tue<51>.» De fait, ce récit ne figure ni dans les textes médiévaux inspirés du Physiologus, ni dans le Roman d'Alexandre, dont beaucoup de merveilles se etrouvent pourtant dans la lettre du Prêtre Jean. Cettel égende ne semble pas avoir été connue en Occident avant que le pape ne reçoive la missive du mystérieux prêtre-roi; si la lettre était authentique, nous y verrions volontiers une légende éthiopienne. Mais il s'agit d'un faux, rédigé selon certains dans le monde byzantin, selon d'autres dans les royaumes francs d'Orient, selon d'autres encore par des juifs de Provence<52>. Sans doute l'image du combat entre les deux animaux a-t-elle été suggérée à l'auteur de la lettre par le psaume 22, ce qui tendrait à renforcer cette dernière hypothèse.

<XL>
Sur ce cor d'ivoire, sculpté à la fin du XIème ou au début du XIIème siècle, un lion fait face à une licorne trapue, qui, de la pointe de sa corne, touche le feuillage d'un arbre. On peut voir ici la scène du combat entre le lion et la licorne, ce qui signifierait que ce récit est antérieur à la «lettre du Prêtre Jean». Cette interprétation, qui ferait de cet olifant la seule représentation médiévale connue de la licorne plantant sa corne dans un arbre en affrontant le lion, reste cependant très hasardeuse.
La licorne, qui, il est vrai, se fait rarement remarquer par sa modestie, apparaît ici terriblement suffisante. Le récit n'a la sanction ni de l'Écriture Sainte, ni des autorités grecques ou latines, ni même du Physiologus. Il eût pu se prêter à une condamnation de la présomption, mais n'a pourtant jamais servi de support à une quelconque allégorie, chrétienne ou simplement morale<53>.Pour toutes ces raisons, et malgré la fantastique diffusion de la lettre du Prêtre Jean, il n'a pas connu la popularité des légendes précédentes. Les auteurs de la Renaissance qui traitèrent de la licorne citent rapidement cet épisode, sans en faire autant de cas que de la chasse à la licorne ou de la purification des eaux, en retenant surtout que «son plus grand ennemi et plus contraire qu'elle ait est le lion<54>». Les artistes continuèrent à représenter occasionnellement le combat entre la licorne et le lion, mais pas dans la scène de l'arbre<55>. Peu apprécié des érudits, presque ignoré des artistes, ce conte s'intégra néanmoins au corpus légendaire traditionnel sur l'animal.

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MessageSujet: Re: LES LICORNES   LES LICORNES EmptyVen 16 Juin - 12:51

<XLI>
Le Combat du lion et de la licorne, tapisserie flamande du XVIème siècle, aujourd'hui dans la chapelle du palais Borromée, sur une île du lac Majeur. Là encore, la licorne semble victorieuse, mais sur la tapisserie suivante, deux autres lions se joignent au premier et la bête solitaire succombe. L'emblème de la famille Borromée était une licorne faisant fuir une vipère, cette dernière figurant sur le blason de la famille rivale des Visconti.
Shakespeare, qui semble sceptique, fait ainsi dire à Decius, pour montrer la naïveté de César:

«...Il aime entendre
Que les licornes se laissent abuser par les arbres,
Les ours par les miroirs, les éléphants par les trous,
Les lions par les rets, les hommes par les flatteurs.
Mais lorsque je lui dis qu'il hait les flatteurs,
Il m'approuve, et il est flatté.
Laissez moi faire!<56>»

Ce récit apparaît à au moins deux reprises dans la poésie anglaise du XVIème siècle<57>. Chez George Chapman, l'homme avide de s'emparer de la précieuse corne a pris la place du lion. C'est sous cette nouvelle forme que, sans doute à une date plus récente, l'histoire passa dans le folklore germanique.

<XLII>
Chromolithographie de C. Offterdinger, provenant d'une édition allemande des contes de Grimm.
On la retrouve, presque à l'identique, dans un conte des frères Grimm, Le Vaillantpetit Tailleur, version populaire des travaux d'Hercule<58>. A cette unique exception près, d'ailleurs assez récente, la licorne, d'origine orientale et classique, est restée presque absente des traditions populaires européennes.



La dame à la licorne et le chevalier au lion

Le Roman de la dame à la licorne et du chevalier au lion est un texte courtois peu connu, dont il ne subsiste qu'un unique manuscrit, conservé à la Bibliothèque nationale. Il conte l'histoire d'une princesse qui était si belle et chaste que le Dieu d'amour lui fit présent d'une licorne, et qu'elle fut désormais appelée «la blanche dame qui la licorne garde». Elle épousa un seigneur de haut lignage, mais devint la dame de cœur du «biau chevalier». En l'honneur de sa dame, le chevalier partit à l'aventure dans le vaste monde, captura et apprivoisa un lion. La Dame reçut un jour la fausse nouvelle de sa mort, et défaillit. Un mauvais seigneur du voisinage en profita pour l'enlever. Croyant à sa mort, le chevalier au lion fut frappé de folie, avant de reprendre ses esprits et de partir, avec la bénédiction de l'époux de sa dame, à l'assaut du château du ravisseur. Il libéra sa bien aimée et ils quittèrent tous deux le château maudit, la dame montée sur la licorne, le chevalier sur son lion<59>.

Le psaume 22 est bien oublié. Comme il l'a fait avec la scène de la chasse à la licorne, le monde de l'amour courtois a donné un sens nouveau au couple du lion et de la licorne. Celui-ci est évident: on n'imagine ni un chevalier à la licorne, ni une dame au lion.

Par son pelage, beige sur les tapisseries mais d'un or éclatant dans nombre de blasons, par sa crinière flamboyante, le lion est un animal solaire. C'est de plus, avec le cerf, l'un des rares animaux héraldiques dont la silhouette suffise à indiquer le sexe, masculin. Sur un écu, il signifiait avant tout le courage et la force.

La robe de la licorne est d'une blancheur lunaire, et l'on sait que, pour d'évidentes raisons physiologiques, la lune fut de tous temps associée à la féminité. En outre, la blanche bête était l'amie des jeunes vierges, et nous avons vu qu'elle signifiait la pureté, la chasteté.

Le lion et la licorne sont devenus ici des symboles masculins et féminins - solaires et lunaires disent les textes ésotériques, ce qui est une manière un peu plus prétentieuse d'exprimer la même idée.

<XLIII>
La Dame à la licorne. L'Odorat. Peu avant 1500
On ignore à quelle occasion furent commandées, vers la fin du XVème siècle, les tentures de La Dame à la licorne, qui portent les armes de la famille lyonnaise des Le Viste. De telles œuvres d'art étaient souvent des cadeaux de mariage, et cela pourrait alors expliquer la présence du lion et de la licorne, des deux époux donc, sur chacune des six tapisseries. Certes, cette symbolique ne semble pas avoir été extrêmement répandue, et il est aussi possible que les deux animaux ne figurent ici que pour leur fierté héraldique<60>, comme dans les armes du Royaume Uni.

Ce sont en effet des contingences historiques qui ont fait du lion et de la licorne les supports du blason britannique. Les armes anglaises étaient traditionnellement soutenues par un lion et un second animal, différent à chaque règne. Le blason écossais, quant à lui, était supporté par deux licornes. C'est donc tout naturellement que, lors de l'union entre les deux royaumes en 1603, le lion et la licorne vinrent encadrer l'écu du Royaume Uni<61>, et il ne faut voir dans ce couple aucune signification symbolique<62>.



Les démons et la licorne

«Il est difficile d'écrire un paradis quand tout semble vous pousser à écrire une apocalypse», remarque Ezra Pound. La nature lui devenant étrangère, l'homme a créé des monstres à son image; du serpent, il a fait le dragon cracheur de feu, avide d'or et de jeunes vierges; du loup, il a fait le garou; de l'aigle et du vautour, la harpie. La blanche et légère licorne, plus charmante encore que le déjà séduisant cheval, semble faire exception. Christique et marial, son symbolisme habituel est très positif. L'animal, qui apparaît dans les scènes de capture comme une victime presque consentante, n'est que rarement associé au mal, au démon, au vice ou simplement à la violence, même si les bestiaires ne manquent pas de rappeler sa force. Ainsi, alors même qu'Isidore de Séville contait sont combat contre l'éléphant, et que la lettre du Prêtre Jean relatait son affrontement avec le sauvage lion, les miniatures présentant la licorne affrontée à d'autres animaux sauvages sont relativement rares<63>.

<XLIV>
Des merveilleuses bêtes qu'Alexandre détruisit, miniature d'un manuscrit français du Roman d'Alexandre, copié vers 1460. L'armée du roi de Macédoine, équipée d'armures du XVème siècle, combat contre les cynocéphales, les dragons à deux têtes, et «des bêtes sauvages qui avaient cornes au front, armées et acérées, dont ils perforaient légèrement les écus des gens d'armes». Comme souvent, ces féroces bêtes sont représentées unicornes, avec la silhouette de cheval et la corne noire du monocéros de Pline. Les soldats d'Alexandre combattent ici vingt et une licornes, dont dix gisent déjà à terre, au premier plan. Ces animaux ont cependant ici un caractère de force brute plus que de malignité.
<XLV>
Ce tableau du florentin Jacopo del Sellaio (vers 1441-1493) illustre une scène classique de l'iconographie de la Renaissance. Après son retour des enfers, Orphée, triste et vieux, mène une vie solitaire que seule la musique égaie parfois. Sa musique est si belle qu'elle captive les animaux, même les plus féroces, qui se réunissent en paix autour de l'artiste. La licorne, qui a ici une silhouette chevaline et une mâchoire de carnassier, fait partie de ces animaux sauvages, tout comme le dragon, ici également unicorne. Ceux des animaux qui sont trop loin pour entendre la musique conservent leur férocité habituelle. L'arche rocheuse derrière le musicien symbolise l'entrée des enfers<64>.

Dans le monde italien et provençal de la fin du Moyen-Âge, la licorne devintc ependant parfois, plus nettement encore, une créature du mal<65>.

Ouvrons de nouveau la Légende dorée de Jacques de Voragine, pour y trouver un récit plus connu que la parabole de Barlaam et Josaphat, la tentation de saint Antoine<66>. Les démons, y lit-on, «lui apparurent sous la forme de différentes bêtes féroces, et le déchirèrent à coups de dents, de cornes et de griffes<67>». Le texte ne nomme pas ces bêtes sauvages, mais le miniaturiste italien d'une Vita Antonii de la fin du XIVème siècle jugea (comme plus tard Gustave Flaubert) que la belle licorne pouvait en faire partie. Qui, mieux que le bel animal unicorne irrésistiblement attiré par les jeunes vierges, pouvait figurer l'une de ces tentations démoniaques, la luxure<68>.

<XLVIII>
La mort de Procris, tableau de Bernardino Luini (env. 1475-1532).
La légende conte qu'Athena avait donné au roi de Crète, Minos, un chien qui ne manquait jamais d'attraper sa proie et une flèche qui touchait toujours son but. La légère Procris, amante de Minos, parvint à se les faire offrir. Plus tard, de retour à Athènes, elle soupçonna injustement son époux Céphale d'infidélité, et le suivit dans l'ombre quand il se levait, la nuit, pour chasser avec le chien Lealaps et la javeline magique. Entendant un bruissement de feuilles derrière lui, Céphale crut à une biche et lança le javelot, qui transperça le corps de son épouse. Sur ce tableau italien du début du XVIème siècle, la luxurieuse Procris est représentée sous la forme d'une blanche licorne.

<XLIX>
L'enlumineur qui, au début du XVème siècle, illustra ce manuscrit du Livre des propriétés des choses de Barthélémy l'Anglais n'avait sans doute pas de modèle pour représenter le satyre. Il lui attribua bien la face humaine et les sabots de bouc indiqués par le texte, mais il imagina la créature quadrupède et orna son front d'une corne unique.
<L>
Cette miniature marque, dans un luxueux livre d'heures du début du XVIème siècle, le début de l'office des morts. Trois démons tourmentent l'âme damnée. L'un n'a pas de cornes; un autre en a deux; le troisième, sur la droite de l'image, porte une corne, et sa silhouette même n'est pas sans rappeler la licorne. Heures dites «de Henri IV», vers 1500.

Les pieds de bouc sont signe de luxure; les ailes membraneuses, comme celles de la chauve souris, parfois remplacées par de grandes oreilles, indiquent les créatures des ténèbres; la queue de singe signale le démon singe de dieu, et ses créatures, singes des anges et des hommes. Ce sont là, dans l'iconographie de la fin du Moyen-Âge et de la Renaissance, les caractéristiques les plus typiques du diable et des siens. Il n'est cependant pas rare que les êtres maléfiques soient représentés cornus. Le plus souvent ces cornes, au nombre de deux, indiquent la puissance virile et l'animalité de ces entités démoniaques. Cette force se double d'une inquiétante étrangeté lorsqu'une corne centrale vient s'ajouter aux deux autres, ou les remplacer, comme sur le crâne de ce démon brandissant une lance par l'un des soupiraux de l'enfer dans une gravure d'Albrecht Dürer(1471-1528). Nous sommes bien loin ici de la blanche licorne, mais cette corne diabolique porte des stries qui font penser aux spirales des cornes de licorne. Ce n'est pas le cas, en revanche, de la corne du diable dans l'une des œuvres les plus connues du graveur de Nuremberg,Le Chevalier, la Mort, le Diable<72>, ni du curieux et unique bois de renne qui orne le front de lac réature fabuleuse, mi-homme, mi-poisson, venue enlever une jeune villageoise du rivage où elle se baignait.

<LI>
Le Diable, le Prêtre et le Pèlerin, gravure des Apologi sive Mythologi Esopi..., recueil de fables publié par Sébastien Brant (1458-1520) en 1501.
<LII>
Le Monstre marin, gravure d'Albrecht Dürer, détail, vers 1498.

<LIII>
La Descente du Christ aux enfers, gravure d'Albrecht Dürer, détail, 1510.

<LIV>
Le Chevalier, la Mort, le Diable, gravure d'Albrecht Dürer, détail, 1513.

La corne des créatures maléfiques n'est cependant pas la longue défense spiralée de la licorne. Plus courte, elle est aussic ourbée, vers l'avant ou vers l'arrière<73>. Le modèle ici n'est pas la licorne, moins encore le narval, mais bien le bouc ou le taureau, et la signification de ces cornes uniques n'est pas différente de celles des deux cornes du diable.

<LV>
Parmi les chimères et gargouilles redessinées par Eugène Viollet-le-Duc et Jean-Baptiste Lassus pour la restauration de Notre Dame de Paris, la plus emblématique, la plus souvent photographiée, celle que l'on retrouve sur toutes les cartes postales, est unicorne, mais sa corne n'a rien d'une licorne. Sa compagne de veille est une créature bicorne qui, pour le reste, n'est guère différente.
<LVI>
La Femme de l'Apocalypse et le dragon à sept têtes, gravure d'Albrecht Dürer, vers 1497. Quatre des sept têtes de la bête sont unicornes.

«Alors un autre signe apparutdans le ciel: c'était un grand dragon rouge feu. Il avait sept têtes et dix cornes et, sur les sept têtes, sept diadèmes<74>». Sauf à placer, comme le firent quelques enlumineurs, les dixc ornes sur la même tête, il fallait, pour de simples raisons arithmétiques, que certains des chefs de la bête de l'Apocalypse fussent unicornes. S'il ne faut donc pas voir là de lien avec la blanche licorne, il reste que les représentations de l'Apocalypse, assez fréquentes, contribuèrent peut-être, dès le Moyen-Âge, à répandre l'image de créatures démoniaques unicornes.

<LVII>
Gravure de Gustave Doré pour une édition moderne de laDivine Comédie, parue en 1861.
Dans la DivineComédie, au chant trente-deuxième du Purgatoire, Dante décrit comment, des côtés du char triomphal du griffon, symbole de l'Église, s'élèvent peuà peu les sept têtes hideuses de la bête de l'Apocalypse: «Ainsi transformé, le char sacré fit paraître plusieurs têtes en ses diverses parties, trois au timon et une à chacun de ses coins. Les premières avaient des cornes comme les bœufs, mais les autres n'en avaient qu'une au milieu du front; on ne vit jamais un pareil monstre<75>».

<LVIII>
Sur un recueil de textes religieux et scientifiques juifs, enluminé à Troyes ou à Amiens à la fin du XIIIème siècle, le serpent d'airain façonné par Moïse et placé sur son étendard pour protéger son peuple de la morsure des serpents est représenté unicorne. Un dragon n'était alors autre qu'un grand serpent, terme qui désignait tous les reptiles. Le thème de la licorne qui combat le poison n'étant pas encore répandu en Occident, la corne unique, si elle n'est pas simplement décorative, est ici vraisemblablement le signe de la sauvagerie des créatures qui attaquent le peuple d'Israël.
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MessageSujet: La Licorne 8   LES LICORNES EmptyVen 16 Juin - 12:53

La licorne érotique

«La Dame à la licorne ne nous donnerait pas le spectacle d'une raideur si héroïque sans l'espoir, caressé en secret comme l'équivoque bête de la fable, de voir à temps l'objet de son désir surgir de l'horizon pour lui ravir sa vertu<76>.»

Tant le texte assez obscènedans lequel elle servait de support aux obsessions de Panurge, que la remarque plus fine de Léonard de Vinci, nous rappellent qu'il y a souvent dans le symbolisme, positif ou négatif, de la licorne une dimension érotique latente<77>. Ce n'est pas le moindre paradoxe d'un animal qui signifiait avant tout la virginité. La métonymie qui a, très tôt, transféré à la licorne les caractéristiques essentielles de la vierge - pureté,chasteté - est cause de cette ambiguïté, de cette surcharge symbolique. Le thème de la séduction est, eneffet, au cœur du récit de la capture de l'animal et, concurremment à l'allégorie chrétienne, il fut utilisé comme tel dans une œuvre courtoise comme le Bestiaire d'amour de Richard de Fournival<78>. Tout le récit de la capture de la licorne peut être lu à travers la dialectique de la luxure et de la pureté. Dans la Chronique de Georges Chastelain (1403-1475), nous trouvons la description d'un pas d'armes du XVème siècle. Pour s'«inscrire» au tournoi, un chevalier devait toucher de la pointe de son épée un écu pendu à une effigie de bois représentant une dame et, à ses côtés, une licorne<79>. La dame, qui en symbolise l'enjeu et la cause, nous rappelle ici la forte dimension érotique du tournoi. Quant à la licorne, elle figure certes la pureté de la dame, mais elle se retrouve aussi chargé de toute la sensualité ambiante.


<LIX>

François Clouet, dit Janet (1522-1572), Dame au bain. On a longtemps pensé que la dame ici représentée était Diane de Poitiers.
Dans sa très érudite étude sur Les Structures anthropologiques de l'imaginaire, Gilbert Durand constate que toute corne est susceptible de symboliser la puissance virile, non seulement de par sa forme, mais également parce que, chez de nombreuses espèces, seul le mâle porte des cornes; que l'on pense seulement aux différents usages, en anglais, de l'adjectif horny. Une corne unique semblerait plus encore se prêter à une telle interprétation, mais il convient cependant de ne pas s'avancer trop avant dans un domaine où les sources restent discrètes. En outre, il semble bien que les licornes femelles aient été, selon tous les auteurs, armées de même manière que les mâles.

Le passage du Cinquièmeet dernier livre des faits et dits héroïques du bon Pantagruel, que nous avons cité plus haut, est en effet le seul texte relativement ancien dans lequel la corne de licorne ait un sens clairement phallique. On peut voir des indices dans telle ou telle représentation iconographique, une miniature de la capture de l'animal, la tapisserie du Toucher, une médaille de Pisanello, un croquis de Léonard de Vinci. Dans quelle mesure est-ce forcer les sources?

<LX>
Ce dessin de Léonard représente des animaux, au premier rang desquels une licorne, combattant devant un homme tenant un miroir enflammé. Sa signification symbolique, peut-être liée au mythe d'Orphée, nous est devenue étrangère. On a proposé de voir dans ce croquis au trait nerveux une allégorie... de la sodomie<80>.

<LXI>

La Dame à la licorne. La Vueet Le Toucher (détails). Dans la première tapisserie, la licorne relève la robe de la dame; dans la seconde, c'est le geste de cette dernière qui peut sembler ambigu. Ces deux tentures sont les seules de la série dont la jeune suivante de la dame s'est discrètement éclipsée. Cela prouve sinon que ces tapisseries ont un sens érotique, du moins que, comme la suite de cette étude le confirmera à l'occasion, l'on peut leur faire dire ce que l'on souhaite.
Il reste, à Rome, les fresques du Château Saint-Ange, réalisées pour lepape Paul III de 1543 à 1548 par plusieurs des meilleurs peintres de l'époque. Sur les murs et les plafonds de la salle du Persée, le couple de la jeune fille - on n'ose plus la supposer vierge - et de la licorne est représenté une dizaine de fois. A voir les poses lascives des albes bêtes, à voir les gestes équivoques de leurs compagnes, caressant la corne du bout des doigts, ou la pressant contre leurs seins, il ne fait aucun doute que, pour les auteurs de ces fresques, Perino del Vaga et Domenico Zaga, la connotation érotique était à la fois évidente et recherchée.


<LXII>

Perino Del Vaga et Domenico Zaga, Fresque de la salle du Persée, Rome, Château Saint-Ange.
<LXIII>
Perino del Vaga (1501-1547), esquisse à l'aquarelle pour les fresques de la salle du Persée.

Cette belle série de fresques fait cependant exception dans l'iconographie de la licorne, et l'on peut y voir un jeu des deux peintres s'amusant à faire d'un symbole de chasteté l'incarnation de la luxure, mettant ainsi en avant un sens érotique habituellement plus discret. Un quart de siècle plus tôt, Alessandro Araldi (?-1528) avait fait figurer, au plafond des appartements de Giovanna da Piacenza, à Parme, plusieurs fresques présentant des exemples de vertu et de piété féminine. Acôté de la charitable Pero qui sauva la vie de son vieux père en lui donnant le sein dans leur prison, une licorne se réfugie dans le giron d'une peu discutable vierge fermement sanglée dans l'habit des bénédictines<81>.

Quoi qu'il en soit, on peut être surpris que ce soit Jung<82>, et non Freud, qui se soit intéressé à la licorne. Nous éviterons pourtant de nous en attrister, car les élucubrations du premier n'ont fait que rendre l'animal plus séduisant encore; les déflorations du second lui auraient ôté tout son charme<83>.

Les bestiaires sont assez prolixes sur la licorne, et l'animal est très présent dans l'imagerie des XIIIème et XIVème siècles. Maisce que les textes médiévaux nous apprennent de cet animal se limite à quelques apologues qui, s'ils nous laissent vaguement deviner une origine assez ancienne de la légende de la licorne, nous révèlent bien peu sur son apparence, sur les lieux où elle vit, sur sa réalité au sens moderne du terme. Rédacteurs et copistes des bestiaires se souciaient fort peu de savoir à quoi ressemblait la bête unicorne, et, si la tradition enseigne comment la capturer, nul ne s'est jamais préoccupé d'organiser une chasse. Pour le lecteur du bestiaire, tout comme pour son auteur, ilsuffisait de savoir que la licorne était attirée par les jeunes vierges. C'était là sa «nature»,t out à la fois sa spécificité et sa raison d'être, puisque cette nature avait pour fonction première de permettre une représentation des mystères chrétiens. Ce statut n'avait rien d'exceptionnel, il était celui de tous les animaux du bestiaire médiéval, et explique que, jusqu'au quatorzième siècle, les rédacteurs de ces textes se soient peu préoccupés d'ajouter à ce corpus les portraits d'animaux européens qu'ils connaissaient bien, comme le lapin ou le loup, ou d'en ôter les descriptions de ceux qu'ils n'avaient jamais vus, comme la licorne, le dragon ou le phénix. La question de l'existence de la licorne ne se posait donc pas, et eût sans doute été jugée incongrue. L'intérêt de sa légende résidait en effet, non en la réalité de ce qu'elle décrivait, mais dans les allégories qu'elle permettait. La licorne eut une âme avant d'avoir un corps.




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<1> Pline, Histoire naturelle, liv.VIII, 31.<retour au texte>

<2> à sabot entier.<retour au texte>

<3> Aristote, Les parties des animaux, liv.IV, ch.10. On trouve des considérations en tous points identiques dans un second passage d'Aristote,Histoire des animaux, liv.II, ch.1.<retour au texte>

<4> Sur lalicorne dans les bestiaires, notamment d'un point de vue iconographique, voir le volumineux traité d'un père franciscain au nom prédestiné: Jürgen WerinhardEinhorn, Spiritalis Unicornis, das Einhorn alsBedeutungsträger in Litteratur und Kunst des Mittelalters, Munich, 1976.<retour au texte>

<5>L'édition de référence du Physiologus hellénistique reste celle de F. Sbordone, Milan, 1936. Notre propos n'étant pas ici de remonter à des sources qui, comme celles du Nil, se divisent pour fuir toujours plus haut et plus loin, nous ne sommes généralement pas aller chercher les versions originales des textes de l'antiquité.<retour au texte>

<6> La robe de la blanche biche est aussi celle que l'iconographie attribue le plus souvent à la licorne, et les deux animaux sont associés, bien que de manière très différente, à la pureté féminine. La blanche biche est en effet une belle et pure princesse qui, sous l'effet d'une malédiction ou d'un sort, a pris forme animale. Robert Graves, l'auteur des Mythes Grecs et de LaDéesse blanche, a écrit un poème sur LaLicorne et la blanche biche.<retour au texte>

<7> Pierre de Beauvais, Bestiaire, in Gabriel Bianciotto, Bestiaires duMoyen-Âge, Paris, Stock, 1980, p.36. Ce petit ouvrage présente les bestiaires médiévaux les plus importants, celui de Pierre de Beauvais, le Bestiaire divin deGuillaume le Clerc, le Bestiaire d'amour de Richard deFournival, le Livre du trésor de Brunetto Latini et enfin, très succinctement, l'adaptation française parJean Corbechon du Livre des propriétés deschoses de Barthélémy l'Anglais. Pour chacun de ces textes, Gabriel Bianciotto a traduit en français moderne une vingtaine de notices, au nombre desquelles la licorne figure toujours. Ces traductions récentes nous ont semblé parfois plus adaptées à notre propos que celles d'éditions de référence plus complètes mais plus anciennes, et nous nous référerons donc souvent à cette petite compilation des Bestiaires du Moyen-Âge, quitte à la compléter par d'autres références. Pour le bestiaire de Pierre de Beauvais, voir également l'édition de Guy Mermier, Paris, Nizet, 1977, pp.45, 71-72.<retour au texte>

<8> ibid.,p.37.<retour au texte>

<9> Guillaumele Clerc de Normandie, Bestiaire divin, in Gabriel Bianciotto, Bestiaires du Moyen-Âge, Paris, Stock, 1980, pp.90-91. On trouvera le texte original, rimé et en vers octosyllabes, dansl'édition de C. Hippeau, Le Bestiaire divin de Guillaume, Clerc de Normandie, Caen, 1852, pp.235-239.<retour au texte>

<10> Voir le texte dans le second tome, au chapitre consacré aux liens entre licorne et rhinocéros.<retour au texte>

<11> Pline, Hist. Nat., liv.VIII, 71 et Solin, Polyhistor, liv.XXX,21.<retour au texte>

<12> Isidore écrit (Etymologiæ, liv.XII, 2): «unicornis unum cornu in media fronte habeat pedum quatuorita acutum et validum ut, quidquid inpetierit, aut ventilet autperforet. Nam et cum elephantis saepe certamen habet et in ventre vulneratum prosternit», ce que l'on traduit ainsi: «lalicorne a une corne unique de quatre pieds au milieu du front, si pointue et si solide qu'elle projette ou transperce tout ce qu'elle attaque. En effet, elle se bat souvent avec les éléphants et les terrasse en les blessant au ventre». Les abréviations utilisées par les copistes prêtant parfois à confusion, Guillaume le Clerca pu lire pedemque au lieu de pedum quatuor, et croire qu'acutum et validum se rapportait alors au pied de l'animal.<retour au texte>

<13> Brunetto Latini, Le Livre du Trésor, in Gabriel Bianciotto, Bestiaires du Moyen-Âge, Paris, Stock, 1980, p.237.<retour au texte>

<14> Margaret Freeman, La Chasse à la licorne, Lausanne, Edita, 1983,pp.46-47.<retour au texte>


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MessageSujet: La Licorne 9   LES LICORNES EmptyVen 16 Juin - 12:54

<15>Hildegarde de Bingen, Le Livre des subtilités des créatures divines, Paris, Millon, 1989, t.II, pp.196-197. Une édition imprimée du XVIème siècle donne au sabot de licorne les propriétés généralement attribuées à sa corne:«L'homme qui craint d'être tué par le poison posera un ongle de licorne sous le plat où sont les mets ou bien sous la coupe où est sa boisson: s'ils sont chauds et qu'il y a du poison dedans, l'ongle les rendra effervescents dans le récipient; s'ils sont froids, il les fera fumer, et ainsi il pourra savoir que du poison a été ajouté.» Sur les textes zoologiques de la mystique rhénane, voir la thèse de Laurence Moulinier, L'Œuvre scientifique d'Hildegarde de Bingen, Paris VIII, 1994, et en particulier les pp.185 à 206, sur la zoologie, et 367 à 382, surl'influence du Physiologus.<retour au texte>

<16>Der Physiologus, Éd. Emil Peters, Munich, 1921, pp.34-35, cité in Margaret Freeman, La Chasse à lalicorne, Lausanne, 1983, p.27.<retour au texte>

<17>Élien, Histoire des animaux, liv.III, 41. Plus loin, citant Ctésias, dont le texte ne nous est connu que par cet intermédiaire, Élien écrit: «J'ai appris qu'il y a en Inde des ânes sauvages qui ne sont pas moins grands que des chevaux... Ils portent une corne sur le devant de la tête, longue d'une coudée et demie... J'ai entendu dire que les Indiens boivent dans ces cornes polychromes, pas tous mais les plus nobles d'entre eux, et ils les ornent d'or, comme les bracelets qu'ils portent aux bras. Et on dit que celui qui boit dans cette corne ne connaît plus les maladies, il n'en est plus atteint. Il ne connaît plus non plus ni spasmes, ni épilepsie, ni les effets du poison. S'il a bu avant quelque chose d'empoisonné, il le vomit et recouvre une parfaite santé.»Histoire des animaux, liv.IV, 52.<retour au texte>

<18> Alfonse le noble (1158-1214), ou plus probablement Alfonse le Sage(1252-1284).<retour au texte>

<19> MsArsenal 2872, cité in Louis Delatte, Textes latins et vieux français relatifs aux Cyranides, Paris, Droz, 1942,pp.340-341.<retour au texte>

<20> cf. Exode, 15:23-25.<retour au texte>

<21>Itinerarium Joannis de Hesse Presbyteri ad Hierusalem,Cologne, 1499, cité in R.R. Beer, Einhorn, Fabelwelt und Wirklichkeit, Munich, 1972, p.113.<retour au texte>

<22>Le Cinquième livre des faicts et dicts héroïques du bon Pantagruel, ch.XXIX, in Rabelais, Œuvres complètes, Classiques Garnier, 1962, t.II, p.394.<retour au texte>

<23> Voir sur ce point les fines remarques du dominicain Jean-Pierre Jossua dans son petit livre, La Licorne, Histoire d'un couple, Paris, Cerf, 1985.<retour au texte>

<24> Gabriel Bianciotto, Bestiaires du Moyen-Âge, Paris, Stock, 1980,p.91.<retour au texte>

<25> Dans un bestiaire grec du XIIème siècle, les chasseurs se contentent de scier la corne de l'animal avant de le libérer.Tzetzès, Cinquième Chiliade, cité in Edward Topsell, The History of Four-footed Beasts, Londres,1658 (1607), p.557.<retour au texte>

<26> C'est par exemple le cas de l'un des plus beaux bestiaires enluminés, écrit en latin à la fin du XIIème ou au début du XIIIème siècle, le ms Ashmole 1511 de la Bodleian Library. On y retrouve pourtant des traces de l'allégorie de l'incarnation: «Il est une bête appelée licorne, unicornis, que les Grecs appellent Rhinocéros. C'est une bête de petite taille qui ressemble à un chevreau et qui est particulièrement sauvage. Elle possède au milieu de la tête une corne et aucun chasseur ne peut s'emparer d'elle si ce n'est par le stratagème suivant: le chasseur conduit une jeune fille vierge dans la forêt, là où vit la licorne, et l'y laisse seule. Dès que la licorne voit la pucelle, de bondir vers elle et de se blottir contre son sein. C'est ainsi que l'on capture la licorne. Notre Seigneur Jésus-Christ est une licorne céleste dont on a dit: “Il a été chéri comme le fils des licornes.” Et dans un autre psaume: “Ma corne sera élevée comme celle de la licorne.” Et Zacharie de dire: “Pour nous, il a élevé une corne de salut dans la maison de David.” Le fait que la licorne ne possède qu'une seule corne au milieu du front illustre la parole du Christ: “Mon Père et moi ne sommes qu'Un.” La grande sauvagerie de la bête signifie que rien, ni les pouvoirs, ni les trônes, ni les souverainetés, ni l'Enfer, ne purent saisir le pouvoir deDieu. Pas même le Diable, pourtant si ingénieux, ne parvint à découvrir le lieu et l'heure de son incarnation; c'est par la seule volonté du Père qu'il descendit dans le sein de sa mère pour notre salut à tous. Le fait que la licorne soit petite signifie que le Christ s'est humilié pour nous par son incarnation, et lui même de nous dire: “Apprenez de moi que je suis doux et humble decœur.” La licorne ressemble à un chevreau parce que notre Sauveur lui-même a été fait semblable à notre chair de péché, et par le péché il a condamné le péché. La licorne, lorsqu'elle rencontre des éléphants, engage souvent la lutte et abat son ennemi en le frappant au ventre.» Le Bestiaire, Éd. P. Lebaud, 1988, pp.61-62.<retour au texte>

<27> MaxGoldstaub & Richard Wendriner, Ein toscovenezianischer Bestiarius, Halle, 1892, pp.32-33.<retour au texte>

<28> «LeRhinocéros, cet animal qui n'a qu'une corne au milieu du front et que nul ne peut vaincre est vaincu par une vierge nue», lit-on par exemple dans un Isidorus versificatus du XIIème siècle. Le texte originel d'isidore deSéville, au livre XII des Étymologies, ne précisait cependant pas ce dernier point. <retour au texte>

<29>«Quand un homme veut la chasser, la prendre et la tromper, il va dans la forêt où est son repaire. On y place une vierge, qui découvre son sein. La licorne sent son odeur et vient à la pucelle, baise son sein et s'y endort, ce qui entraîne sa mort. L'homme survient alors et la tue dans son sommeil ou la capture vivante.» Philippe de Thaon, Bestiaire, éd. E. Walberg, Paris, 1900, pp.15-16.<retour aut exte>

<30>«Perc'ha si dolce guardia la sua chiostra,
che'l sente in India ciascun lunicornio,
e la vertude l'arma a fera giostra,
vizio pos' dir no i fa crudel ritorno»
(«Parce que son enceinte a si douce garde
que le sentent toutes les licornes d'Inde
et que la vertu l'arme pour une féroce joute
je puis dire que le mal ne peut y faire d'incursion cruelle»)
Guido Cavalcanti, Rimes, Paris, Imprimerie Nationale, 1993,p.183.<retour au texte>

<31> Giovanni da San Geminiano, Summa de Exemplis et Rerum Similitudinibus Locupletissima, Anvers, 1957, liv.V, ch.123, fol.289v°.<retour au texte>

<32> Richard de Fournival, Bestiaire d'amour, in Gabriel Bianciotto, Bestiaires du Moyen-Âge, p.143. Voir aussi le texte du manuscrit fr.412 de la bibliothèque nationale dans une édition du siècle dernier par C. Hippeau. Richard deFournival,L e Bestiaire d'amour, suivi de La Réponse de la dame, Paris, 1860, pp.23,24,72.<retour au texte>

<33>Poésies du roi de Navarre, Paris, 1880, p.70.<retour au texte>

<34> Voir Jan Bialostocki, L'Art du XVème siècle, des Parler à Dürer, Paris, Pochothèque,1993, pp.372-377.<retour au texte>

<35> cf.Psaume 54.<retour au texte>

<36> Sur ce tableau, voir Lionello Puppi, «Il Purissimo lioncorno», in Verse Gerusalemme, imagini e temi di urbanistica e di architettura simboliche, pp.107-115, Rome, Casa del libro, 1982.<retour au texte>

<37> Voir p.121 la médaille de Pisanello en l'honneur de Cecilia Gonzaga.<retour au texte>

<38>Josèphe Jacquiot, «Le Symbolisme des animaux aux revers de médailles à la Renaissance, XVème-XVIème siècles», in Le Monde animal au temps de la Renaissance, Paris, Touzot, 1990, pp.51-62.<retour au texte>

<39> Certains auteurs, à la suite de C.G. Jung, ont tenté de rattacher ce récit à des légendes indiennes. On pourra trouver un exemple de leurs démonstrations, elles aussi un peu «tirées par la corne», dans Yvonne Caroutch, Le Livre de la licorne, Éd. Pardès, 1989,pp.143-168. Dans un ouvrage récent, Il Ciclodell'unicorno, Marco Restelli est un peu plus convaincant.<retour au texte>

<40> Margaret Freeman, La Chasse à la licorne, Lausanne, 1983,pp.54-55.<retour au texte>

<41> Sur l'œuvre de Jean Duvet, voir Jean-Eugène Bersier, Jean Duvet,Le Maître à la licorne, Paris, Berger-Levrault, 1977.<retour au texte>

<42> Cosmas Indicopleustès, Topographie chrétienne, Paris, Cerf, 1968, liv.XI, 7.<retour au texte>
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MessageSujet: La Licorne 10   LES LICORNES EmptyVen 16 Juin - 12:55

<43>François Le Large, Explications des figures qui sont sur le globe terrestre de Marly, Bibliothèque Nationale, Ms fr.13366, p.140.<retour au texte>

<44> Voici quelques manuscrits de la Bibliothèque de l'Arsenal et de la Bibliothèque nationale dans lesquels on pourra trouver le Dit de l'unicorne : Arsenal 5204, fol.77sq.; fr.837,fol.77sq.; fr.1444, fol.256sq., fr.1553, fol.430sq.; fr.2162,fol.105sq.; fr.12471, fol.24sq.
Un texte de la version rimée a été publié au siècle dernier dans Achille Jubinal, Nouveau Recueil de contes, dits, fabliaux et autres pièces inédites desXIIIème, XIVème et XVème siècles, Paris, 1842, t.II, pp.113-123. Une autre version se trouve dans LucyToumlin-Smith & Paul Meyer, Les contes moralisés deNicole de Bozon, Paris, 1899. Un texte latin du XIIIème siècle figure dans Louis Herrieux, Les Fabulistes latinsdepuis le siècle d'Auguste jusqu'à la fin duMoyen-Âge, Paris, 1890, pp.171 & 416. Plusieurs versions figurent dans l'ouvrage de Jean Sonet, le Roman deBarlaam et Josaphat, Paris, 1952. La thèse de Dorothy Lynne Schrader, Le Dit de l'unicorne, Florida State University, 1976, est consacrée à ce texte.<retour au texte>

<45>LeTiers volume de Vincent, Miroir historial, Paris, chez Antoine Vérard, vers 1495, liv.XVII, ch.15, fol.8-9.<retour au texte>

<46> Jacquesde Voragine, La Légende dorée, GF Flammarion,t.II, p.415.<retour au texte>

<47> Pour quelques détails supplémentaires sur ce point, et sur les différents passages bibliques concernés, voir notamment Jean-Pierre Jossua, La licorne, Histoire d'un couple, Paris, Cerf, 1985, p.18 et surtout Allen H. Godbey,«The Unicorn in the Old Testament», in The AmericanJournal of Semitic Languages and Litteratures, Juillet 1939, vol.LVI, pp.256-296. La Vulgate emploie le terme unicornis en sept endroits: Nombres, XXIII, 22 ; Deutéronome, XXXIII, 17 ;Psaumes, XXII, 21 ; Psaumes, XXIX, 6 ; Psaume, XCII, 10 ; Isaïe, XXXIV, 7 ; Job, XXXIX, 9-12. Voir aussi infra, t.II, p.157.<retour au texte>

<48> ou 21 selon certaines numérotations.<retour au texte>

<49>«Libera me ab ore leonis et a cornibus unicornium humilitatem meam» selon le texte de la Vulgate.<retour au texte>

<50> ConradGesner, Historia Animalium, de Quadrupedibus Viviparis, Francfort, 1603 (1551), p.692.<retour au texte>

<51>Prestre Jehan à l'empereur de Rome et au roy de France,s.l.n.d., texte imprimé du XVème siècle,cité in Ferdinand Denis, Le Monde enchanté, Paris, 1843, p.192.<retour au texte>

<52> Voir au chapitre suivant la bibliographie générale sur ce sujet déjà longuement discuté.<retour au texte>

<53> On trouve dans la littérature médiévale quelques allusions à l'orgueil de la licorne, mais rien ne prouve qu'elles soient liées à ce récit. Saint Bernard de Clairvaux encourage ainsi l'homme à lutter contre ses démons intérieurs, «la rage du lion, l'impudeur du bouc, la férocité du sanglier, la superbe de la licorne», Tractatus de Interiori Domo, seu de Conscientia Ædificanda, ch.XII, in Migne, Patrologie latine, vol.CLXXXIV, col.516-517. Pour Thomas d'Aquin, la licorne «a unecorne, et pour cela signifie les puissants et les rois», Commentaire sur Isaïe, XXXIV, 7.<retour au texte>

<54> Joseph Boillot-Lengrois, Nouveaux Portraits et figures de termes pouruser en l'architecture, composez et enrichiz de diversité d'animaux représentez au vray, selon l'antipathie et contrariété naturelle de chacun, Langres, 1592,fol.20-21.<retour au texte>

<55> Par exemple sur une miniature du De Nobilitatibus Sapientius etPrudentius Regnum de Walter de Milimete, peinte vers 1386, qui se trouve à la Christ Church Library d'Oxford (Ms EII (92), fol.46 v°). Dans ce combat, c'est la licorne qui a visiblement le dessus.<retour au texte>

<56>Shakespeare, Jules César, II,1.<retour au texte>

<57>«Like as a Lyon whose imperial powre
A proud rebellion Unicorn defyes
T'avoid the rash assault and wrathful stowre
Of his fiers foe, him to a tree applyes
And when him running in full course he spyes
He slips aside: the whiles that furious beast
His precious horne, sought of his ennemyes,
Strikes in the stocke, ne thence can be releast,
But to the mighty victor yields a bounteous feast»
Edmund Spenser (1552-1599), The Faerie Queene,II.5,10.

«I once did see
In my young travels through Armenia
An angrie unicorn in his full carier
Charge with too swift a foot a Jeweller
That watcht him for the Treasure of his browe;
And ere he could get shelter of a tree,
Naile him with his rich Antler to the Earth.»
George Chapman (1559-1634), Bussy d'Ambois, part.I, II.1,52.<retour au texte>

<58>«D'une licorne, répondit le petit tailleur, je m'effraie encore moins que de deux géants. Sept d'un coup, c'est ma devise. Il se munit d'une hache et d'une corde pour partir vers la forêt, suivi de son escorte, à laquelle il donna l'ordre de l'attendre sur la lisière, quand ils y furent arrivés. Et il entra tout seul, comme la première fois, dans la forêt sauvage. Il n'attendit pas longtemps, car déjà la licorne arrivait, fonçant sur lui tête baissée et comme pressée d'en finir aveclui. “Du calme, du calme, dit-il, cela ne vaut rien d'aller si vite.” Et il attendit sans bouger, jusqu'au moment ou l'animal fut prêt à le toucher. Il se cacha alors lestement derrière un arbre. Lancée de toute la vitesse de son galop, la licorne embrocha l'arbre et enfonça sa longue corne si profondément dans le tronc, qu'elle n'eut pas la force de l'en retirer et resta prisonnière. “Je le tiens, mon petit oiseau”, dit le tailleur qui sortit de derrière son arbre pour passer la corde au cou de la licorne, puis dégager sa prisonnière de l'arbre à coups de hache. Après quoi, il la mena devant le roi» [et, bien sûr, épousa la princesse]. Jacob & WilhelmGrimm, Le vaillant petit Tailleur.<retour au texte>

<59>Le Romans de la dame à la lycorne et du beau chevalier au lyon, éd. Gennrich, Dresde, 1909.<retour au texte>

<60> La thèse selon laquelle les tapisseries de La Dame à la licorne auraient été tissées à l'occasion d'un mariage ne fait plus aujourd'hui l'unanimité. AlainErlande Brandenburg (La Dame à la licorne, Paris, 1989,p.67) la condamne au nom des règles de l'héraldique: s'il s'agissait d'un cadeau de noces, les armes de la mariée devraient être mi parti, à dextre des armes du mari, à sénestre de celles du père, alors que l'on a ici des armes pleines. Ces règles n'étaient cependant pas toujours strictes, les armes représentées sur un présent pouvant dépendre du prestige comparé desdeux familles, ainsi que de la personne et de l'intention de celui qui offrait le cadeau, ou tout simplement du délai nécessaire à la réalisation d'une telle œuvre.<retour au texte>

<61> Une comptine anglaise, citée par Lewis Caroll dans De l'autrecôté du miroir, rappelle l'origine de ces supports d'armes:
The lion and the unicorn
were fighting for the crown
The lion beat the unicorn
all around the town
(Le lion et la licorne
se disputaient la couronne
Le lion battit la licorne
tout autour de la ville)<retour au texte>

<62> Il existe un important corpus de textes symbolistes et ésotériques modernes sur l'association du lion et de la licorne. Ils font remonter le double couple lion/licorne et soleil/lune à la plus haute antiquité, s'appuyant invariablement sur le même bas relief des ruines de Persépolis figurant l'affrontement entre un lion et ce qui semble être un buffle unicorne. Ils transposent l'opposition entre le lion et la licorne dans la symbolique alchimique, qui semble l'avoir largement ignorée, et ramènent l'essentiel de la légende de la licorne à sa symbolique lunaire. L'ouvrage de Robert Brown, The Unicorn, a Mythological Investigation, qui est à l'origine de cette doctrine, parut à Londres en 1881, à une époque où il était de bon ton de voir dans tout ce qui était un peu ancien des représentations solaires et lunaires.
Le caractère unicorne des animaux représentés de profil dans les bas reliefs antiques peut-être discuté. A supposer qu'il soit réel, il est pour le moins osé d'en déduire une continuité symbolique et iconographique entre un bas-relief antique et des miniatures de la fin du Moyen-Âge. Voir sur ce point Cyril G.E. Bunt, «TheLion and the Unicorn», in Antiquity, vol.IV, Gloucester,1930, pp.425-437.

<LXIV>
Le combat du lion et de la licorne, d'après un bas relief des ruines de Persépolis. Gravure du livre de l'explorateur Carstens Niebuhr,Voyage en Arabie et en d'autres pays circonvoisins, Amsterdam, 1779, qui fit connaître cette image en Europe.<retour au texte>
<63> Sur un livre de modèles florentin du milieu du XVème siècle, on voit un dessin à l'aquarelle d'une licorne piétinant une biche et s'apprêtant visiblement à la dévorer (Musée du Louvre, Collection Edmond deRothschild, n°754-763d.R., fol.5v°). A la même époque, sur la Bible de Borso d'Este, une blanche licorne était représentée affrontant un dragon; la référence à l'iconographie de Saint Georges affrontant le dragon est évidente, et l'albe bête a donc ici, malgré sa violence, une valeur tout à fait positive (Modène, Biblioteca Estense, ms Cl 11N132, vol.II,fol.185).<retour au texte>

<64> Sur l'iconographie de cette scène, voir aussi t.II, pp. 202, 266.<retour au texte>

<65> Dans son commentaire du psaume XXII, Bède le Vénérable écrivait déjà: «Sauve moi, humble serviteur, des cornes, c'est à dire de l'orgueil et de l'arrogance des unicornes, ou plutôt des juifs qui se dressent, forts de la superbe de leur loi unique. Car l'unicorne, qui n'a qu'une seule corne, est comparé aux juifs qui avaient presque une corne, puisqu'ils croyaient en un seul Testament et à la promesse d'une vie terrestre et non aux cieux». Mais, au début du VIIIème siècle, le saint anglais se faisait de l'unicornis une image qui devait sans doute plus au rhinocéros d'Isidore de Séville qu'au chevreau du Physiologus. Cette allégorie, encore reprise au IXème siècle par le théologien allemand Raban Maur dans son De Naturis Rerum, fut ensuite délaissée par les bestiaires. cf. Jacques Voisenet, Bestiaire chrétien, l'imagerie animale des auteurs du Haut Moyen-Âge, Toulouse,1994, p.317.<retour au texte>

<66> Le dramaturge italien Dario Fo rapportait ainsi un conte sicilieni nspiré d'une fable d'Ésope. La licorne, absente de la fable originelle, apparaît dans ce récit sous un jour peu flatteur: Une féroce licorne arrivée depuis peu dans la forêt s'attaquait au lion, à l'ours, au tigre età tous les autres animaux. Feignant de vouloir la paix, ces derniers coupèrent leurs griffes et dirent à la nouvelle venue: «Tu vois, nous n'avons plus de griffes, nous ne sommes plus un danger pour toi. Fais comme nous, et fais scier ta corne en gage de bonne volonté.» Convaincue, la sauvage licorne fit ce qu'on lui suggérait. Mais, contrairement aux griffes, la corne ne repousse pas. L'allégorie était mise au goût du jour par l'écrivain contestataire, la licorne représentant les syndicats réformistes, le lion et l'ours, le patronat.<retour au texte>

LES LICORNES In8hn

<67>L'identification des démons aux animaux du bestiaire n'est pas exceptionnelle: «onocentaures, poilus, sirènes, lamies, hiboux, autruches, hérissons, aspics, basiliscs, lions, dragons, scorpions» lit-on dans le traité de Jean Cassien, cité par Blaise Cendrars, Bourlinguer, Denoël, Folio, p.124.<retour au texte>

<68> Voir la thèse de Philippe Brun, Saint Antoine ermite, Essai de mythologie chrétienne, Grenoble III, 1992.<retour au texte>

<69> La question de savoir jusqu'à quel point le Physiologus et lesCyranides sont indépendants reste ouverte. Les deux ouvrages ont des origines hellénistiques peut-être contemporaines; leurs contenus sont différents mais similaires. Marco Restelli voit dans les Cyranides l'une des sources possibles du Physiologus (Marco Restelli, Il Ciclodell'unicorno, Venise, 1992, p.21), mais en l'absence d'une datation précise de ces deux textes il est impossible de se prononcer. Il reste que le Livre des secrez de nature sur la vertu des oyseauls et des poissons pierres herbes et bestes, par exemple, montre que les Cyranides ont exercé sur le bestiaire médiéval une influence certes marginale, mais distincte de celle, dominante, du Physiologus.<retour au texte>

<70>The Florentino Fior di Virtu, Washington, Library of Congress, 1953,p.90. Léonard de Vinci, Carnets, éd. MacCurdy, Gallimard, 1986, t.II, p.460.<retour au texte>

<71> Voirinfra, p. 151.<retourau texte>

<72> Sur la signification de la corne unique dans cette gravure, on pourra consulter la thèse de Françoise Rücklin, LaCondition humaine d'après Dürer, essai d'interprétation symbolique des Meistertiche, Zurich,Thesis Verlag, 1995, p.57. Le subtil distinguo, emprunté au Bestiaire du Christ de Louis Charbonneau-Lassay, que l'auteur y fait entre la symbolique de la licorne et celle de l'oryx unicorne est cependant largement infondé.
Il y aurait beaucoup à dire sur le statut très particulier de l'œuvre de Louis Charbonneau-Lassay dans la littérature érudite. L'homme, féru de symbolique chrétienne et ami de René Guénon, n'était sans doute pas de gauche, mais son œuvre, purement descriptive et au demeurant assez médiocre, n'a rien d'idéologique. Pourtant, le fait de citer Charbonneau-Lassay est devenu, depuis une vingtaine d'années, un signe de reconnaissance discret, presque secret, d'un certain ésotérisme d'extrème droite, héritier intellectuel de Julius Évola.<retour au texte>

<73>Dürer a cependant également représenté la licorne avec une corne courte et recourbée. On trouvera de petites licornes à corne droite sur la frise qui entoure le portail du temple dans une autre gravure de Dürer, Le Mariage de la Vierge.<retour au texte>

<74>Apocalypse, XII, 3.<retour au texte>

<75> Dante, La Divine Comédie, Le Purgatoire, chant XXXII.<retour au texte>

<76> MarcPetit, «La Traversée du solitaire», in Histoiressans fin, Paris, Stock, 1998.<retour au texte>

<77> Sur la signification érotique de la licorne, voir Jean Pierre Jossua, La Licorne, histoire d'un couple, Paris, Cerf, 1985, et Gustav René Hocke,Labyrinthe de l'art fantastique, Le Maniérisme dans l'art européen, Paris, Gonthier,1967, pp.197-200.<retour au texte>

<78> Richard de Fournival, Le Bestiaire d'amour, éd. Hippeau, Paris,1860, pp.23-24.<retour au texte>

<79> GeorgesChastelain, Le livre des faits de Jacques de Lalaing, in Œuvres, éd. Kervyn de Lettenhove, Bruxelles, 1866,t.VIII, pp.188-202.
Voir aussi Johan Huizinga, Le Déclin du Moyen-Âge, Paris, Payot, 1932, p.98.<retour au texte>

<80> A.E.Popham, Les Dessins de Léonard de Vinci, Bruxelles,1947, n°110.
Gustav René Hocke, Labyrinthe de l'art fantastique, Le Maniérisme dans l'art européen, Paris, Gonthier,1967, p.198.
Il existe une gravure du XVIème siècle, parfois attribuée à Jean Duvet, qui représente cette même scène. Voir Jean-Eugène Bersier, JeanDuvet, le Maître à la licorne, Paris, Berger-Levrault, 1972, n°73.<retour au texte>

<81> Erwin Panofsky, La Camera di San Paolo du Corrège à Parme, Hazan, 1996 (1961), p.27.<retour au texte>

<82>Carl-Gustav Jung, Psychologie et Alchimie, Paris, Buchet-Chastel, 1970, pp.548-593.<retour au texte>

<83> On n'ose imaginer ce qu'un René Girard pourrait faire des relations triangulaires entre la licorne, la vierge et le chasseur ou, plus simplement, de la mort christique de l'animal.<retour
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MessageSujet: Re: LES LICORNES   LES LICORNES EmptyVen 30 Juin - 17:22

Bon ok, elfes, sirènes et licornes, j'ai compris, en tout cas bravo pour ton dévouement ^^.
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MessageSujet: Re: LES LICORNES   LES LICORNES EmptyVen 30 Juin - 21:24

je ete remerci Lycaon j'ai beaucoup travailler dessu je suis meme tres fiere de moi ^^ :lol!!:
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MessageSujet: Re: LES LICORNES   LES LICORNES EmptyMar 5 Sep - 21:02

ah ben oui la je peux te dire que ya de quoi etre fière félicitation pour la recherche!



( par contre vous attendez pas au meme genre d'article avec moi pcke g horreur de chercher lol.)
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MessageSujet: Re: LES LICORNES   LES LICORNES EmptyDim 5 Aoû - 5:22

sacré description,bien recherché sa a du en prendre du temp.
la description de basse ou de résumé qu'on donne en générale dans les article c'est:

Like a Star @ heaven
la licorne etre splendide doté d'une corne torsadé,etre plein de bonté au coeur pure,bien trop souvent chasé pour sa corne magique,c'est un animal complétement abusée par de jeune vierge laisé en apat par les chaseur car une licorne ne fait confiance qu'aux vierge qu'elle considére comme leur égale.
bref
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